i'm fine. // josefine.

tu termines de sécher tes cheveux décolorés, t'observant à travers le reflet du miroir de la salle de bain. t'as une tête horrible. comme bien souvent ces derniers jours. c'est ça de ne pas dormir. les cernes commencent à se dessiner sous tes yeux et tu pousses un soupir, enfilant des habits simples, adaptés à la saison. tu récupères ton téléphone qui traîne dans ta chambre et sur lequel s'acharne plusieurs messages pas encore lus. t'aimes pas tant ça les messages ou les conneries dans le genre, mais bon. tu le glisses dans la poche de ton jean avant d'attraper ton pull et de quitter le ranch après quelques mots avec ta mère, lui expliquant que oui, cette fois, tu rentreras pour le dîner. tu te diriges vers le centre de cassas à pieds, ce n'est pas très loin après tout. tu retiens un léger soupir alors que ton téléphone vibre une énième fois. tu réponds à tes messages avant de reprendre ta route et de te diriger vers le café du centre. tu as rendez-vous avec josefine et tu es déjà en retard. tu presses le pas et ne mets que quelques minutes à la rejoindre. jo' ! tu souffles en arrivant à sa hauteur, un sourire dessiné sur tes lèvres enfantines. désolé du retard. comment ça va ? tu murmures en la saluant, avant de t'asseoir face à elle. tu souris à ton amie, et même si une petite année vous sépare, vous avez côtoyés la même classe l'année dernière, alors autant garder contact avec les personnes que tu apprécies bien, même si elle est partie à l'université et si tu l'as bien souvent mise en colère quand elle s'évertuait à te réexpliquer pour la quinzième fois ton exercice de maths.

i'm fine.

tu te réveilles une nouvelle fois en retard ce matin. tu n'as pas entendu le réveil sonner maintes et maintes fois, bien trop confortable dans les bras de morphée. tu sautes donc du lit dès que tu vois l'heure. tu es en retard. enfin non, pas encore, mais le temps de te préparer, tu le seras si tu ne dépêche pas vraiment. tu files dans la salle de bain de ton petit appartement pour une douche expresse. tu fais vite, l’eau chaude te détendant les muscles, et essayant de ne pas faire attention aux multiples cicatrices qui parcourent la partie inférieure de ton corps. ton psychologue arrête pas de te dire d’y faire face et de les regarder et les montrer, mais le déni te vas si bien. tu regardes rapidement ton téléphone pour t’assurer de l’heure. parfait. il te restes assez de temps pour te sécher les cheveux et de faire quelque chose à ton visage. pile à l’heure tu sors de l’appartement, et cours presque jusqu’au café. cela fait un moment que tu n’as pas vu tommy. et ça fait un peu étrange de ne pas revoir des gens que tu côtoyais tous les jours pendant un an. même si lui te faisais sortir de tes gonds plus de fois que tu ne peux le compter, avec toutes ces sessions qui ne menaient à rien et on testées ta patience. apparemment, il a décidé de la tester une nouvelle fois, comme un souvenir du bon vieux temps, puisque lorsque tu arrives enfin au café, il n’est toujours pas là. tu décides de t’installer, et joue avec ton portable jusqu’à que le visage familier fasse son apparition devant toi. tommy ! un sourire apparaît sur tes lèvres. ne t’inquiète pas, je ne suis là que depuis quelques minutes. il s’assoit et tu ranges ton portable dans ton sac. et bien écoute, plutôt bien. la fac ça change du lycée, mais c’est un bon changement, tu vois ? un peu plus d’indépendance, de liberté, ce genre de chose. ça fait du bien ! et toi alors ? tu examines son visage, et tu fronces des sourcils. il a l’air affreusement fatigué, ses cheveux ayant perdu un peu de leur éclat, et des cernes sous ses yeux. une année de plus au lycée, ça ne fait pas ça à un homme, tout de même ?  

en général, tu fais tout pour éviter d'être en retard. ou tout du moins pour éviter d'avoir une heure de retard. et on te dit souvent que t'es pire que les nanas quand il s'agit de te préparer pour une sortie quelconque. enfin bref, tu essayes de te dépêcher pour ne pas trop faire attention josefine au café. tu te doutes qu'elle doit être à l'heure, comparé à toi. elle a toujours été plus sérieuse que toi, notamment en cours. notamment, quand elle essayait de te faire comprendre tes cours, sans grand succès. et ça avait le don de l'énerver. tommy ! ne t’inquiète pas, je ne suis là que depuis quelques minutes. tu la salues et t'assois face à elle sur la terrasse du petit café du centre. tu la laisses ranger son téléphone avant de lui demander comment elle va. et bien écoute, plutôt bien. la fac ça change du lycée, mais c’est un bon changement, tu vois ? un peu plus d’indépendance, de liberté, ce genre de chose. ça fait du bien ! et toi alors ? tu hausses vaguement les épaules, sentant son regard inquisiteur sur ton visage. elle a toujours eu le don d'observer les détails. bien que ta fatigue ne soit plus évidente, mais clairement lisible sur tes traits. ça va, ça va. j'ai les mêmes profs que l'année dernière je déprime trop, surtout le vieux con en maths la. il a pas manqué d'se foutre de ma gueule quand il m'a remarqué l'jour de la rentrée. tu te pleins en levant les yeux au ciel, un soupir sur tes lèvres. un serveur s'approche de vous et tu commandes un café au lait, laissant ensuite la brune choisir. tu attends que le serveur se soit un peu éloigné. parfois j'me demande pourquoi j'ai accepté de retaper la terminale. tu grimaces un peu et secoues la tête. tu ne rêves que d'aller à l'univ toi aussi, pas d'être coincé dans ce lycée merdique. mais bon. c'est comme ça.

i'm fine.

tu ne le crois pas une seconde. même si, tu ne peux le contredire, une année au lycée peut être éprouvante, aussi bien physiquement que moralement, et la vie lycéenne n’est pas la plus belle de la vie, quoi qu’en dise certains. après tout, tu es passée par là toi aussi, redoublant, tout comme tommy, ton année de terminale, bien que pour des différentes raisons. mais tu ne peux que sourire en l’entendant parler des professeurs et se plaindre. tu étais un peu comme ça l’année dernière lorsque tu as dû revenir pour une nouvelle année alors que tous tes amis partaient pour la fac.et bien, tu sais quoi ? montre lui à ce vieux con que toi aussi tu peux avoir ton diplôme, ça lui fera les pieds. un serveur arrive pour prendre votre commande, coupant quelques instants la conversation. tu commandes un café noir. tu as pris l’habitude d’en boire depuis ta rentrée à la fac. et c’est assez effrayant de voir à quelle vitesse tu t’y es habituée et y ai pris goût, toi qui ne supportais pas le goût du café il n’y a de ça que quelques années. lorsque tommy reprend la parole, tu fronces les sourcils. les doutes sont toujours présents lorsqu’on refait une terminale, on se demande si, parce qu’on n’a pas réussi une fois, pourquoi est-ce qu’on serait diplômé cette fois-ci ? sûr, le doute est toujours là, et ce n’est pas n’importe quoi, c’est normal. mais toi, ton devoir, parce que tu es passée par là, c’est d’apaiser ces doutes. écoute. tu commences et prend un air sérieux. tu as le droit de te poser des questions, mais ne remet jamais en question le fait de refaire une année de terminale. tu es chanceux d’avoir une nouvelle chance d’être diplômé à la fin de l’année et faire ce que tu veux après ça. certains n’ont pas cette chance-là. alors oui, cette année va probablement être la pire de toutes, parce que tout le monde ou presque est déjà partit et toi tu es coincé là, mais ce n’est qu’une année sur je ne sais combien. alors profite. tu souris et remercie le serveur qui pose votre commande sur la petite table. sans perdre une seconde, tu en bois un peu, le liquide chaud traversant ta gorge, ce goût dont tu es tombée amoureuse dans ta bouche. après tout, n’oublie pas qu’une fois à la fac, tu as beaucoup plus de responsabilité que maintenant.

tu ne peux pas dire la vérité à ton amie. tu ne peux pas lui raconté que tu es fatigué parce que t'as accidentellement tué un gars parce qu'il voulait toucher noor et que toi t'étais bien trop bourré pour réfléchir un minimum, laissant simplement la violence. tu retiens un petit soupir, sourire tapissé sur les lèvres, faux-semblant. c'est pour la bonne cause. et bien, tu sais quoi ? montre lui à ce vieux con que toi aussi tu peux avoir ton diplôme, ça lui fera les pieds. tu pouffes de rire. t'as jamais pu voir ton prof de maths et, ça tombe bien, lui non plus n'a jamais pu te voir. et il n'a pas manqué de te faire une remarque cinglante lors de ta deuxième rentrée en terminale. tu hoches la tête. juste pour le faire chier. tu pouffes de rire, alors qu'un serveur arrive. il prend vos commandes et repart rapidement. écoute. tu as le droit de te poser des questions, mais ne remet jamais en question le fait de refaire une année de terminale. tu es chanceux d’avoir une nouvelle chance d’être diplômé à la fin de l’année et faire ce que tu veux après ça. certains n’ont pas cette chance-là. alors oui, cette année va probablement être la pire de toutes, parce que tout le monde ou presque est déjà partit et toi tu es coincé là, mais ce n’est qu’une année sur je ne sais combien. alors profite. tu hoches la tête en silence, laissant le serveur revenir avec vos deux cafés. tu le remercies en souriant et récupères ta tasse, laissant tes doigts se réchauffer un moment. tu te mords la lèvre. après tout, n’oublie pas qu’une fois à la fac, tu as beaucoup plus de responsabilité que maintenant. tu hausses les épaules, venant boire une gorgée de café. je sais bien. mais bon, j'suis qu'avec des gamins plus jeunes d'une année qui pensent juste à se taper une des meufs de la classe. j'te laisse imaginer l'ambiance entre ça et l'groupe de pouffe. merde vous m'manquez trop. tu t'affales sur ta chaise. que ce soit josefine, noor ou bobbie, tous tes potes de l'année dernière te manquent terriblement. t'en as déjà marre de cette classe qui semble encore pire que l'année passé et ces nana qui te demandent combien tu mesures parce que 'putain t'es grand, tu dois mesurer deux mètres' et bien non, juste un mètre quatre-vingt-neuf. ou alors ces filles qui te demandent si tes cheveux, ils sont aussi clairs naturellement ou pas. tu secoues la tête, les épaules lasses. mais bon. j'ai une chance que certains non pas comme dit. et toi, tes études, comment ça se passe pour le moment ? tu souffles en offrant un sourire à la blonde, passant tes doigts dans tes mèches pour les éloigner de ton front.

i'm fine.

tu grimaces. tu te rappelles bien des garçons au lycée, et de leur mentalité à ce moment de leur vie. toujours après une fille, généralement en groupe pour essayer de sortir avec la fille. tu as toujours trouvé ça stupide. après tout, pourquoi draguer une fille en groupe, sachant qu’à la fin, un seul, et encore, finira par sortir avec elle.  pour toi, ça n’a jamais été un problème. au lycée, toutes ces histoires de cœur te passaient au-dessus de la tête. tu étais bien trop occupée à trainer avec tes amis et à profiter de leur compagnie, et à t’entrainer pour devenir la meilleure danseuse, plutôt que de t’encombrer d’une relation qui t’aurais détournée de tes objectifs. les filles aussi, tu t’en souviens. certaines à créer des bandes pour persécuter une pauvre fille, d’autres à tout simplement s’amuser, et d’autres à ne rien avoir à faire de ce que dises les autres – bien que ce genre de groupe soit bien plus rare que les précédents. tu souris doucement. je compatis. je sais ce que c’est, mais dis-toi que ce n’est qu’une année, et qu’elle va passer vite, et en un rien de temps tu seras à la fac. je sais que c’est chiant de retaper une année, crois-moi, mais ce n’est que temporaire.finalement, le lycée ne te manque pas trop, mais tu sais ce que c’est de retaper une année, et de voir tous tes amis partir, alors tu compatis. tu bois une gorgée de ton café. c’est vrai que c’était tellement frustrant pour toi de devoir rester encore une année dans ce fichu lycée. pour être tout à fait honnête, tu avais crié et frappé et pleuré lorsqu’on te l’a annoncé, alors que tu étais encore à l’hôpital. il t’étais impossible de continuer les cours, et il fallait te reposer alors pas de cours par correspondance ou par internet. tu avais été dans une colère noire. mais finalement, cette deuxième année de terminale n’avait pas été aussi horrible que ça, tu avais rencontré des gens vraiment bien, comme tommy par exemple. pas mal pas mal. il y a encore des jours où je me demande ce que je fous vraiment là, et d’autres où je me sens vraiment à ma place. c’est assez bizarre comme sentiment. tu te tais. bois une gorgée. toi ce que tu voudrais c’est partir et danser pendant des heures et revenir à l’école de danse mais t’en est bien incapable. ton corps veut pas, mais ton mental veut pas non plus, alors tu te contentes de ton deuxième choix de carrière, qui n’avais été qu’un plan de secours pendant des années, à ne sortir qu’en cas d’extrême urgence, qui te paraissait impossible il y a pas si longtemps. et toi tommy, tu sais ce que tu veux faire en sortant du lycée ?  

revoir josefine te fais du bien, tu dois l'avouer. elle est une oreille attentive et une très bonne amie. un peu moins bonne enseignante (malgré toute sa bonne volonté, tu n'as pas avancé dans tes formules de physique ou de maths), mais tu ne l'apprécie que plus pour tout ça. pour les crises et les fous-rires provoqués par ces heures et ces heures de travail avortées. je compatis. je sais ce que c’est, mais dis-toi que ce n’est qu’une année, et qu’elle va passer vite, et en un rien de temps tu seras à la fac. je sais que c’est chiant de retaper une année, crois-moi, mais ce n’est que temporaire. tu pousses un petit soupir, haussant les épaules. tiens d'ailleurs, j'suis dans la classe de ta frangine. tu balances comme ça, t'avais déjà croisée daisy, la petite sœur de josefine dans la maison ou vivent les deux jeunes femmes avec leurs parents, et tu as été un peu étonné de te retrouvé dans la même classe que la plus jeune hamilton cette année. étonné et un peu honteux de redoubler. mais c'est comme ça. c'est tout. tu en as un peu marre de parler de ta propre classe, alors tu retournes la question vers ton amie, lui demandant comme ça se passe. pas mal pas mal. il y a encore des jours où je me demande ce que je fous vraiment là, et d’autres où je me sens vraiment à ma place. c’est assez bizarre comme sentiment. tu hoches doucement la tête. ça t'arrives aussi, de pas savoir ce que tu fous la en ce moment. mais voilà, vous ne pouvez pas grand chose contre cette sensation, à part attendre qu'elle passe. et toi tommy, tu sais ce que tu veux faire en sortant du lycée ? tu hausses les épaules, te mordant la lèvre. j'aimerais bien aller en fac de lettres. tu souffles doucement. j'écris pas mal et ... j'sais pas. c'est sans doute des rêves de gosse, mais j'aimerais bien devenir écrivain. tu avoues, ton regard plongé dans ta tasse de café alors que tu portes la tasse à tes lèvres, sirotant la boisson encore chaude.

i'm fine.

tommy te dis qu’il est dans la classe de daisy. tu aurais dû t’en douter, il n’y pas trente-six milles classes de terminales à cassas, et tommy et daisy étant tous les deux en dernière année, les chances qu’ils soient ensembles étaient assez grandes. tu espères que daisy ne sèchent pas trop de cours. tu sais que c’est son truc, sécher. elle a des capacités incroyables, elle pourrait faire n’importe quelle étude, et ça te fend le cœur de la voir sécher les cours comme ça pour aller s’acheter des choses. et t’appeler en plein milieu pour te demander un conseil, de l’aide, prétextant quelque chose d’important. tu connais la combine,  mais tu viens à chaque fois, sinon elle t’envoie des dizaines et dizaines de messages jusqu’à ce que tu en aies marre. tu hésites quelques instant avant de poser ta prochaine question, mais tu finis par demander. et… elle s’en sort bien ? je veux dire, est-ce qu’elle vient en cours, est attentive ? elle a une fâcheuse tendance à vouloir sécher, je m’inquiète un peu même si je sais qu’elle n’a pas de difficultés, loin de là. tu n’aimes vraiment pas demander des choses sur ta petite sœur derrière son dos, un peu enquêter sur sa vie privée, mais tu ne peux pas t’en empêcher. tu t’inquiètes pour elle, évidemment, c’est ta petite sœur et vous avez toujours tout fait ensemble. et maintenant que tu es partie de la maison familiale, tu n’as plus un œil pour veiller sur elle, alors tu dois bien trouver d’autres moyens. comme tommy par exemple, comme il est dans sa classe et la voie pratiquement tous les jours. la discussion reviens sur les études, et tu lui demandes ensuite qu’est-ce qu’il compte faire après le lycée. il est temps d’y passer, ce n’est pas quelque chose à prendre à la légère. et quand il t’annonce qu’il voudrait bien aller en fac de lettres, tu hausses un sourcil, surprise. whoa, la fac de lettres ? c’est génial ça !tu ne savais pas du tout qu’il était intéressé par la littérature. evidemment, tu te doutais bien qu’avec ses notes en maths et en sciences il n’allait pas aller faire des études où ces matières sont très importantes, mais fac de lettres ne t’es jamais venue à l’esprit. il n’a pas l’air sûr de lui, cependant, et tu fronces les sourcils. comme s’il n’avait pas confiance en ses capacités, et tu souris doucement, et prends ta voix la plus douce. si tu veux, tu peux me faire lire tes essais, tu sais ? je m’y connais un peu, et je pourrais te donner des conseils ? tu pauses quelques instants avant de reprendre. mais tu sais tommy, je suis sûr que tu as ta place en fac de lettres, ais confiance. appelle-le comme tu veux, mais j’ai ce sentiment que tu pourrais devenir un merveilleux écrivain.