diamond heart. (alfie)

La musique à fond, qui vrille dans les tympans, accompagné des rires qui résonnent dans l’espace réduit. Le sourire aux lèvres, Alfie pouvait voir ses amis rigoler sur les sièges arrières de sa voiture en regardant dans son rétroviseur intérieur. Lizzie au milieu, un peu pompette, ses cheveux blonds parfaitement mis en place, qui regardait Ash avait un air ennuyé, mais un sourire au lèvre, preuve qu’ils se taquinaient encore une fois. Il y avait définitivement un truc qui se passait entre ses deux là, personne ne disaient rien, mais tout le monde le savait, laissant faire les choses. Puis il y avait Nick, derrière lui, toujours plus silencieux, mais avait toujours cette lumière amusé dans les yeux. Tournant la tête doucement vers sa droite, il pouvait voir Josefine, la tête contre le vitre, l’air fatigué, prête à s’endormir malgré les rires et la musique. Parce que c’était une règle une fois qu’on montait dans la voiture d’Alfie, la musique devait être choisi précautionneusement. Il avait une playlist pour chaque occasion. Même pour le chemin retour de soirée. Parce que ce soir là, c’était une occasion spéciale. Il fêtait son entrée au conservatoire. En y repensant, son sourire s’élargissait sur son visage tout en regardant la route devant lui. Il allait commencer sa vie véritablement, partir de Cassas. Pas qu’il n’aimait pas être ici, mais il voulait voir ce qu’il y avait au alentours. Mais en regardant tous ses amis dans sa voiture, il se disait qu’il allait manquer tout ça, ces sorties, les rires, jouer de la musique pour voir les filles danser, faire des paris stupides avec les gars. Il voulait profiter de tout avant de partir, même s’il n’avait bu qu’une bière en début de soirée, il savait s’amuser sans ça, puis il savait qu’il allait conduire pour ramener tout le monde chez eux. Il se concentre sur la route, ses doigts tapant au rythme de la musique sur le volant, s’arrêtant quelques instants à un carrefour au feu rouge. Il en profite pour parler aux autres derrière lui, leur demandant de pas gueuler parce qu’il pouvait sentir Josefine s’endormir à côté de lui. Le volume sonore baissa de quelques décibels même s’il savait parfaitement que dans quelques instants ils allaient parler à nouveau comme s’ils étaient dans une boite de nuit. Feu vert. C’est juste qu moment où Ash sort une blague, faisant rire doucement Alfie qui s’engage sur le carrefour, quand une lumière vive l’éblouit de la droite. Pendant une seconde il m’entend plus rien, voyant juste la lumière se rapprocher trop vite, faisant fermer ses yeux. Puis du bruit, trop. Des cris, le son de la tôle qui se froisse. La musique qui s’éteint. La tête qui cogne contre la vitre, violemment, bruit de verre qui se brise. Puis plus rien, le noir. Tout s’arrête soudainement. La tête embuée, Alfie ouvre doucement les yeux, un sifflement incessant dans son oreille. Il peut entendre au loin la voix d’un de ses amis, geindre de douleur, d’incompréhension. La douleur trop forte, il ferme les yeux contre sa volonté. Le noir complet.



Se réveiller difficilement, avoir la tête dans du coton. Alfie ne sait pas où il est. Il peine à ouvrir les yeux, les paupières lourdes et tuméfiés. La lumière est trop forte pour ses yeux qui essayent encore de s’habituer à son environnement. Il n’était pas à l’aise, quelque chose n’allait pas. Il ne comprenait pas pourquoi il n’était pas chez lui, dans son lit comme tous les jours avant ça. Il regarda autours de lui, essayant de se redresser avec ses mains de ce lit blanc, immaculée et froid. Il remarqua bien vite que sa main était maintenu en place par un bandage qui remontait autours de son épaule et de sa clavicule. Il fronce les sourcils doucement. Il pouvait sentir quelque chose tirer sur le côté gauche de son visage. De sa main droite, par instinct, il alla touché du bout des doigts le scotch médical qui était sur sa tempe, jusqu’à atteindre une bande de gaz entourant son oreille. Il n’eut même pas le temps de faire le tris dans ses pensées et ses souvenirs. Essayant de mettre de l’ordre dans ce qu’il pouvait penser que la porte, elle aussi blanche, s’ouvrit sur ses parents, accourant dans la pièce pour se tenir à ses côtés, suivit par ce qui semblait être un médecin. Il pouvait voir sa mère, les yeux remplie de larmes et le visage triste, son père l’air fermé et désolé. Puis il vit sa mère ouvrir la bouche, lui disant quelques chose d’un air désespéré. C’est là qu’il se redit compte.. rien. Aucun son. Le silence. Il avait ouvert les yeux, mais n’entendait rien. Ou du moins il pouvait entendre des sons lointains, comme s’il était dans l’eau, accompagné d’un sifflement. Tout venant de son oreille droite, mais rien du gauche. Il essaya de se concentrer, fronçant les sourcils sur le visage de sa mère, comme si c’était elle qui ne savait plus parler. Après quelques essaies, un poids se posa sur sa poitrine, sur ses poumons, lui coupant la respiration d’un coup. Il ne pouvait même plus s’entendre respirer. Alors que l’audition de son oreille droite commença petit à petit à se remettre en place, il ne recevait toujours rien de la gauche, comme une paire d’écouteur dont l’un avait rendu l’âme. Un déséquilibre permanent. Le sentiment de détresse fait place à l’angoisse. Il peut entendre brièvement son père essayer de le rassurer, prononcer des mots qu’il n’a pas envie d’entendre. Pour la deuxième fois en quelques minutes, sa main vint sur le bandage de son oreille, cette fois-ci pour l’enlever, comme s’il faisait barrière au son du monde. Une douce main lui en empêcha, se posant sur le sienne. Il vit le visage de sa mère, triste, secouant sa tête de droite à gauche, lui faisant comprendre que ce n’était pas la peine. Qu’il n’y avait rien à faire. Que le son ne reviendrait pas même sans bandage. Puis de son unique oreille fonctionnelle, il pouvait entendre les sanglots qui sortaient de sa gorge.