Le destin fait parfois bien les choses (w/ Clara)

Ce soir, t’es sorti boire un verre avec les collègues, pas pour fêter la fin d’une affaire, non, juste pour célébrer le fait d’être encore en vie. Ça t’amuse quand t’y penses, vous êtes là, tous ensembles, assis autour de cette table à vous chercher des excuses pour picoler. Quelqu’un lance : « A Hamilton et à la balle qu’il a failli se prendre dans l’cul », tous rigolent et tu hausses les épaules, c’est suffisant pour toi, alors t’imites le reste du groupe et vient coller le goulot de ta bière aux leurs. Un bruit aigu de verre se fait entendre, très vite couvert par vos rires. La soirée promet d’être intéressante, le chef a accepté de vous accompagner et semble d’humeur nostalgique. Quelques heures et pas mal d’anecdotes plus tard, la table commence à se vider tandis que le bar commence à se remplir, aucun d’entre vous n’a envie de faire du rab à réprimander les mineurs en possession d’alcool ou pire encore. Quelques minutes plus tard, c’est le fameux Hamilton qui achève de vider la table, il te fait un signe de la main et tu restes un instant les yeux dans le vide. Allez, tu finis ta bière et au lit. Le brouhaha autour de toi se fait de plus en plus fort, les rires commencent à s’élever de toute part et la musique de fond semble plus forte à mesure que le temps avance. T’es resté un moment les yeux fermés, décompressant de ta journée et ça te fait du bien. Tu t’apprêtes à boire ta dernière gorgée de bière mais tu stoppes ton geste net, les yeux rivés vers le bar. Un petit sourire vient étirer tes lèvres et tu te lèves, la soirée ne fait que commencer, murmure la petite voix dans ta tête. Sur ton chemin pour le bar, tu croises une jeune femme blonde d’une trentaine d’années, elle a du gloss rose fuchsia sur ses lèvres refaites et sa poitrine ne semble pas être d’origine. Elle te sourit et passe discrètement sa langue sur ses lèvres, tu lèves alors ta bière dans sa direction et lui adresse un clin d’œil, ton sourire en coin charmeur scotché au visage. Lorsqu’elle te dépasse, tu te retournes sur son passage, tu sais que quoi qu’il se passe ce soir, tu ne rentreras pas seul chez toi.
Une fois arrivé à destination, tu t’accoudes au bar et fini ta bière d’une traite. La jeune femme à qui tu t’adresses te tourne le dos mais tu parles assez fort pour qu’elle t’entende. « J’ai lu un article il n’y a pas longtemps, sur la police de Cassas. Dedans il parlait d’un drôle et séduisant jeune flic, c’était un article plutôt intéressant. » Tu souris à ta boutade, tu te fais rire tout seul, t’es vraiment con. La jeune femme finie par te faire face et ton sourire s’étire. L’espace d’un instant t’es perdu, c’est comme si tu ne te souvenais plus de son visage mais qu’en même temps tu n’en avais oublié aucun détail. « Bonsoir mademoiselle Hopkins, je m’apprêtais à quitter le bar mais je vous ai aperçu et je ne pouvais pas partir sans vous saluer d’abord. » Tu passes ta main dans tes cheveux et dépose doucement ta bière sur le comptoir. T’avais oublié qu’elle était si belle et que tu avais eu beaucoup de mal à rester concentré durant votre entrevue d’il y a quelques semaines déjà.  

Assise au comptoir de bar, Clara était venu se détendre avec une amie après une journée bien remplie. Elle s’était rendu à l’université le matin, puis avait déjeuner avec sa mère, avant d’enchainer avec une réunion à l’un des journaux pour lequel elle travaillait actuellement. Finalement, elle avait passé une partie de l’après-midi dans un café, travaillant sur un tout nouveau sujet. Elle en avait profité pour peaufiner ses derniers articles. Clara, était une bosseuse, elle n’aimait pas laisser trainer les choses, encore moins au travail. Mine de rien, ses papiers lui amenait un complément de revenu non négligeable, mais surtout une expérience professionnelle intéressante. Clara, était en dernière année, elle ne savait pas encore si elle continuerait à travailler ici, une fois son diplôme en poche. En réalité, elle avait toujours eu envie de voyager et elle s’était souvent dit qu’à la fin de ses études elle partirait pour quelques mois sillonner le monde. Elle n’était pas encore fixée sur son périple et puis, elle appréhendait de terminer ses études et d’annoncer à sa mère qu’elle partirait. Bien que cette dernière, en avait conscience et la pousserait très certainement à le faire. Elle était jeune, sans attache, c’était le moment de réaliser ses rêves. En fin d’après-midi, l’une de ses meilleures amies lui avait envoyé un texto pour lui proposer de boire un verre. Clara, n’était pas le genre à faire la fête tous les soirs, mais elle refusait rarement un verre entre copine. C’était donc avec plaisir qu’elles avaient convenues de se retrouver un peu plus tard au Verizon. L’avantage de ce lieu, était qu’il avait une double fonction, bar et boite de nuit. Ce qui était plutôt pratique, cela lui permettait d’y aller en vélo ou à pieds et surtout de ne prendre aucun risque. Et puis, si la soirée s’y prêtait, de rester toute la nuit à danser. Clara buvait une bière à même la bouteille. Elle n’avait pas toujours aimé le gout, mais elle s’y était faite et puis c’était tout de même moins cher qu’un cocktail, alors avait bien du s’y mettre en commençant ses études. Les deux jeunes femmes, discutaient de tout et de rien, elles refaisaient le monde, elle riaient, c’était un agréable moment. Ce moment de complicité, fut interrompu par une voix masculine. L’espace d’un instant, le cœur de la jeune Clara cessa de battre. Elle avait reconnue cette voix. Cette voix, qu’elle avait écouté bon nombre de fois, réécouter l’enregistrement, pour boucler son article. Elle arqua un sourcil, il ne manquait ni de toupet, ni de confiance en lui. Elle lança un regard à son amie qui lui sourit. Clara fit tourner son tabouret pour faire face à Noam. Elle plongea son regard dans le sien. Bonsoir. Elle ne pu s’empêcher d’afficher un sourire. Clara, avait la particularité de sourire en permanence. C’est gentil de votre part ! Ne sachant pas trop quoi répondre d'autre. Clara s’apprêtait à se tourner à nouveau vers son amie, lorsque celle-ci se leva, annonçant qu’elle avait aperçut un ami. Clara avait envie de la retenir et maudit à cet instant précis son amie. Clara, savait pertinemment qu’elle ne connaissait personne ici, au mieux, elle avait repérer un garçon et elle tenterait de se rapprocher de lui. Elle avait conscience que son amie, voulait que Clara se lâche un peu, et pourquoi pas se case. Parce que Clara, elle a eu que des longues relations et que depuis sa dernière histoire, son cœur est verrouillé à triple tour.

Lorsqu’elle te sourit, des flashs de votre entretien te reviennent en tête, comme le moment où tu avais failli t’étouffer avec ton café lorsqu’elle avait franchi le seuil de la porte de ton bureau. Tu souris à ton tour, cette fille a le don d’égratigner ta confiance en toi sans même s’en rendre compte. Tu hausses les épaules en te frottant la nuque, un peu gêné. Là tu te sens vraiment idiot, à quoi tu t’attendais ? T’es venu la saluer oui, et alors ? C‘est ce que tu fais avec toutes les femmes, tu les salues, tu bois un verre avec elle, te présentes en héro et fini par les ramener chez toi. Mais elle, c’est une jeune femme respectable, ça se voit. Elle ne cherche sûrement pas la même chose que toi, que ces femmes qui t’aguichent en temps normal. Et puis sans mentir, c’est une gamine, elle a sûrement l’âge de ton petit frère, tu fais pas dans ce genre de choses. Soudain –et tu t’étonnes toi-même, tu te fais un peu plus sérieux. « Non vraiment, je tenais à vous remercier pour votre article. On a souvent tendance à s’en prendre aux forces de l’ordre, vous savez toutes ces histoires bidon de bavures policières et tout ça. Mais on n’est pas tous pareils,  on est honnêtes, pour la plupart d’entre nous du moins. » Te hoches plusieurs fois la tête, les lèvres pincées. Quelques souvenirs te remontent en mémoire tandis que tu joues avec ta bouteille de bière vide. Mais t’es pas là pour broyer du noir, t’es là pour boire un coup avec les copains, t’aurais du rentrer chez toi. Tu l’aurais fait si tu n’avais pas croisé cette jolie journaliste. Ton côté charmeur fini par effacer la mélancolie qui commençait à s’emparer de toi et reprend le dessus. « Votre amie semble vous avoir faussé compagnie, je vous paye un verre si vous voulez. Enfin si vous n’attendez personne d’autre évidemment. » Du coin de l’œil, tu aperçois la fille qui se tenait près de vous tout à l’heure, se rapprocher d’un mec un peu plus loin. En voilà une qui fera un heureux ce soir, tu te retiens de sourire à cette simple pensée, t’es vraiment un mec. Finalement tu ne lui laisses pas vraiment le temps de te répondre. Tu lèves la main pour interpeller le barman. « Salut, un rhum pour moi, sec. Et pour la demoiselle ce sera.. ? » Tu la regardes, attendant qu’elle réponde. Une fois vos boissons commandées, tu finis par t’asseoir à côté d’elle. Un verre et je rentre. En vous apportant vos boissons, le barman te lance un regard mauvais mais tu l’ignores et trinques avec la jeune femme. « Allez, à votre article et à cette soirée. » Ouais t’aimes bien boire, donc avec le temps t’as du t’habituer à trinquer pour tout et pour rien, surtout pour rien en fait.

Clara maudissait réellement son amie à ce moment-là. Non pas que la présence de Noam la dérangeait, mais Clara pouvait rapidement être mal à l’aise en présence d’homme. Surtout, lorsqu’il était bien plus vieux qu’elle et qu’il lui faisait de l’effet en plus de cela. Elle acquiesça de la tête. Fallait pas en faire un plat, c’était son boulot après tout. Pour autant, elle devait admettre que cela devait être agréable pour le policier de ne pas voir sortir un article à charge contre les forces de l’ordre, en effet, ça changeait de l’ordinaire. Elle sourit à Noam. Ce n’est que mon boulot, et puis, il faut l’admettre vous faites du bon travail. Elle marqua une pause.Je veux dire, comparé à d’autres villes ou il y a des bavures, j’ai pu observer que vous respectiez l’ordre et que vous aviez à coeur les intérêt des citoyens, c’est important de retranscrire la réalité et si elle est positive, autant ne pas se gêner pour l’afficher ! Elle tourna légèrement la tête, à la recherche de son amie. Ou avait-elle bien pu filer ? Elle n’était plus avec le garçon qu’elle venait d’accoster, le garçon non plus d’ailleurs. Elle reporta son attention sur Noam. En effet, elle m’a complètement abandonnée. Elle se mit à rire légèrement. N’ayant pas le temps de refuser le verre que Noam lui proposait. Non non je n’attend personne d’autre. Pourtant, cinq minutes avant elle n’avait qu’une envie, rentrer, enfiler un pyjama en pilou pilou et lire un bon bouquin. Clara, c'est pas trop le genre de fille à sortir tard le soir, à aller en boite ou se bourrer la gueule dans un bar. Clara c'est une fille sérieuse, une fille sage. Un peu trop et même selon ses parents, c'est dire si elle est chiante, la fille. Mais, elle en avait marre de s'entendre dire qu'elle était trop jeune pour ne pas s'amuser et le destin semblait être de son côté, du moins il semblait vouloir lui lancer un message avec cette rencontre impromptue. Alors, autant vivre l'instant présent et voir ce que cette rencontre avait à lui offrir. Elle n'avait aucune idée de ce qui pouvait se passer. Elle n'avait pas cours le lendemain, elle était à jour de ses articles, alors autant en profiter, adieu pilou pilou et bonjour aventure ? Ne sachant pas tellement quoi dire, parce que Clara, en face d'un homme, elle a la conversation d'une enfant de quatre ans, elle regarda la table d'où venait Noam, il y aurait peut-être un des collègues qu'elle avait entendu dans le cadre de son papier, peut-être trouverait-elle quelque chose à dire pour lancer la conversation. Pourtant, elle fut surprise de voir la table en question. Vous n’allez pas manquer à vos collègues à priori. Ajouta-t-elle, tendit que les collègues de Noam se levait tout en enfilant leurs manteaux. Noam sembla sourire et se moquer de ce départ, il accosta le barman pour annoncer sa commande. Clara répondit d’un ton désinvolte « un sex on the beach ». Aucune provocation de sa part, quoique. Mais c’était son cocktail préféré. A votre équipe de choc ! Répondit-elle en levant son verre. Ca n’embête pas trop votre famille que vous trainiez dans les bars le soir ? Clara et la subtilité…