young gods (lizzie)

young gods.

tu appliques une dernière couche de rouge à lèvre discret sur tes lèvres, le regard fixé dans le miroir. tu ne portes pratiquement jamais de maquillage, mais ce rouge à lèvre est une sorte de marque fabrique pour toi, un peu comme les cheveux blonds de ta famille. aujourd’hui, tu passes la journée avec lizzie. ta meilleure amie depuis que tu es arrivée en ville il y a huit ans, la première à ne pas rire de ton accent qui faisait tâche à l’époque. c’est la seule qui t’es approchée, sans avoir peur de la nouvelle qui parlait bizarrement et qui arrivait en plein milieu de l’année, comme si l’attention portée sur quelqu’un de nouveau en début d’année n’était pas suffisant. tu la voyais tous les jours avant, étant voisine et allant à la même école. vous y alliez et reveniez ensemble, ne vous lâchant jamais, l’année vous séparant n’ayant jamais impactée votre relation. vous aviez même la même passion, la danse. quelque chose qui vous unissez, renforciez vos liens. sous vous entrainiez ensemble, quand l’une avait des problèmes sur un certain bas ou bien une figure, l’autre l’aidait sans relâche pour que finalement tout soit parfait. ayant un an d’avance sûr elle, tu pouvais même l’aider s’il y avait quelques soucis. lizzie, c’est un peu comme une sœur pour toi. tu as beau déjà en avoir, cela ne gâche en rien le fait que la jeune fille soit comme une petite sœur. cependant, depuis l’accident, les choses ont changé. forcément, une événement aussi traumatique change les choses. toute la dynamique du groupe a changé, mais entre lizzie et toi, c’est encore plus flagrant. tu as envie de crier, frapper quelque chose, peut-être même elle, parce qu’elle peut continuer à faire ce qu’elle veut, danser, tant qu’elle le veut, alors que toi tu es coincée dans une filière qui n’étais pas ton premier choix, ni ton deuxième. tu attrapes ton téléphone, envoie un message en vitesse à lizzie pour lui dire que tu sors de ton appartement – qui n’est qu’une appartement qui appartient à tes parents, et est même placée dans la même rue que ta maison. tu attrapes un gilet pour te protéger du léger vent, attrapes ton sac avant de claquer la porte de l’appartement sans douceur. tu descends les étages en courant presque. les choses ont peut-être changé entre vous, c’est peut-être bizarre et ça te fait peut-être du mal de la voir parfois, mais tu ne peux ne pas être totalement excitée à l’idée de revoir ta meilleure amie.   

Comme six matins sur sept par semaine, le réveil de la jeune blonde sonna très tôt, avant même que le soleil le lève, avant même que les oiseaux chantent. Depuis des années, c'est la même chose. Avant, c'était avant le Lycée, maintenant c'est avant le boulot, mais aujourd'hui Lizzie a la chance d'être en congé et de passer la journée avec sa meilleure amie. Elle se leva machinalement et commença sa routine avant de partir pour son entraînement de danse. Elle sort du lit et c'est le coeur gros qu'elle lance un regard vers la fenêtre de la maison voisine. La pièce dans laquelle donne cette fenêtre a longtemps été la chambre de sa meilleure amie. Longtemps, elle avait le même horaire et se réveillait pratiquement en même temps pour la danse, les deux yeux encore endormis, elles se lançaient des gros sourires à travers les fenêtres. C'était dur de se lever si tôt, mais c'était plus facile en sachant qu'elles étaient deux. Aujourd'hui, Josefine avait quitté le nid familiale et n'avait plus la même routine. Lizzie était remplie de culpabilité depuis l'accident de voiture, la danse c'était leur passion, leur vie, leur monde, c'était l'une des choses qui les unissaient. S'imaginer arrêter de danser lui fait un pincement profond au coeur et voir sa meilleure amie devoir le faire l'attriste beaucoup. Cette Josefine est beaucoup plus forte qu'elle en a l'air. Lizzie l'admire et ferait tout pour lui redonner une chance de danser. Elle a même songé à quitter ce monde pour de bon, mais sa meilleure amie ne l'aurait pas laissé faire. Lizzie avait la maison à elle toute seule, ses parents travaillaient souvent hors de la ville, depuis l'adolescence, elle finissait souvent seule. Elle a probablement passé plus de temps chez les Hamilton que dans sa propre maison. Quelques heures s'envolèrent au studio de danse dans lequel elle pratique depuis des lunes. C'est en sortant de la douche, de retour chez elle qu'elle entendu son portable vibrer. Jo était en route et un sourire d'enfant tapissait le visage de Lizzie. Elle s'ennuyait de sa meilleure amie, de sa voisine et avec le Lycée terminé, sa meilleure amie de déménager et tout ce qui suivit l'accident, la vie de Lizzie était remplie de solitude. Pas aujourd'hui. Avant même que Jo' arrive dans l'entrée de la maison des Roberts, Lizzie était dehors, en t-shirt, même s'il faisait un peu froid, les cheveux encore mouillés et se retenait de sauter sur place. Jo! Es-tu prête pour une journée avec une folle comme moi? On commence par des pancakes? Lizzie était loin d'être un cordon bleu, mais ses pancakes, tout le monde en raffole. Elle les a souvent cuisinés tard le soir pour leurs bandes.

young gods.

tu descends les escaliers deux par deux. tu es au dernier étage de l’immeuble, par demande expresse de tes parents, et parfois monter peut-être épuisant, surtout en fin de journée, et bien long pour descendre, toi qui est toujours la plus impatiente. tu pousses la grosse porte d’entrée, et le vent frais attaque aussitôt tes joues, qui en deviennent rouges quelques minutes plus tard. tu ressers ton gilet autour de toi, toi la frileuse, et commence à partir en direction de chez les roberts. en marchant, tu attaches tes cheveux en une queue de cheval. c’est un signe de stress, c’est quelque chose que tu fais depuis toujours. ça t’occupe les mains. le chemin jusqu’à la maison des roberts n’est pas long, bien que quelques minutes ce sont ajoutées depuis que tu as déménagé dans ton propre appartement lorsque tu es entrée à la fac, mais il te semble interminable. tu as cette boule au ventre, ce genre d’excitation mêlée à de l’angoisse. c’est bizarre. depuis cette nuit-là, c’est ce que tu ressens dès que tu vois un de tes amis du groupe des cinq. c’est peut-être parce que leurs têtes te rappelles le choc et la douleur et les murs blancs de l’hôpital et les regards inquiets de tes proches. tu secoues la tête, et un passant te regarde d’un air bizarre. tu fronces les sourcils en le regardant, et il détourne le regard aussi vite, et passe son chemin sans même se retourner. tu arrives enfin chez les roberts, et lizzie est déjà là, mais tu t’en doutais un peu. elle saute pratiquement sur place, et sa bonne humeur est contagieuse. c’est comme ça avec lizzie.  lizzie ! tu souries à ton tour et la prend dans tes bras pour lui dire bonjour.  tu la serre fort contre toi et la relâche quelques secondes après, le temps pour ta meilleure amie de te proposer un bon petit déjeuner. ta bouche salives en entendant le mot pancake. c’est peut-être ton pêché mignon, et tu n’as mangé qu’une simple pomme avant de partir rejoindre la blonde ce matin, et ton estomac grogne déjà d’impatience. tu sais bien que je ne peux jamais refuser des pancakes ma belle. surtout pas les siens, tu penses. s’il y a bien quelque chose que lizzie réussie mieux que personne, ce sont les pancakes. tu te rappelles lorsque tu avais quatorze ou quinze ans, tu n’avais accepté de manger le matin qu’à condition que tu manges les fameux pancakes de lizzie. une semaine affreuse pour tes parents, qui avaient fini par capituler.    

La cuisine pleine de farine, Lizzie en legging et en top de sport, ses vêtements de prédilection en privée ou en public, elle avait fait une toque sur le haut de sa tête pour éviter de faire manger ses cheveux à sa copine. Elle était heureuse de la retrouver. Je m'ennuie ici sans toi! La maison est toujours vide, j'ai parfois envie... d'acheter un chien! Elle ricana nerveusement. Elle voulait dire de réunir la bande. Lizzie avait un chien serait terrible, elle a de la difficulté à se rappeler de prendre des vitamines, imaginez-la avec une vie entre les mains. Elles discutaient naturellement, comme elle l'ont toujours fait. Même si l'accident s'est installée entre elles, même si la danse ne les unis plus autant qu'avant, elles faisaient partie l'une de l'autre. Lizzie ne se souvient pas de sa vie ou presque avant l'arrivée de Jo. Les Hamilton sont la famille qu'elle auraient toujours voulu avoir, une maison pleine de vie, elle aurait tout donner pour avoir un grand frère avec qui se disputer. Les crêpes étaient finalement prêtes et la maison sentait l'érable. L'ingrédient secret de Lizzie. Un peu de sirop d'érable dans le mélange. Elle avait des fruits déjà couper dans le frigo qu'elle avait mis sur le comptoir et attaquait déjà les ananas son  fruit préféré. Elle n'avait toujours pas manger depuis son réveil. Elle aurait du, mais elle oublie souvent. C'est pas pour rien qu'elle ne devrait jamais acheter un chien. As-tu entendue les ragots en ville? Je mourrai si c'était moi qu'il mentionnait. Sa copine ne s'intéressait pas vraiment à ce genre d'histoire, mais Lizzie ne pouvait s'empêcher de savoir si c'était vrai et si les gens avaient vraiment l'audace de partager les secrets de leur proches en ligne comme ça. Lizzie avait fait beaucoup trop de portion encore, car elle adorait les manger froides plus tard, en faire des mini burritos remplie de fruits. Comment vont les études? Comme te demanderait ma mère avec me regardant plein. Sa mère ne supportait pas qu'elle perdre son temps à explorer ses options et en jouant à la serveuse ou qu'elle choisisse une carrière en danse. Absurde. C'est le mot qu'elle aimait utilisé en décrivant les choix de sa fille. Une autre raison qui l'influençait à ne pas choisir la danse. Elle savait aussi que Jo n'étudiais pas ce qu'elle voulait vraiment, mais espérait que ça la rendait heureuse.

young gods.

il ne faut que quelques minutes pour la cuisine devienne un vrai champs de bataille. c’est toujours comme ça. lizzie et toi entrez dans une cuisine pour faire quelque chose à manger – ou plutôt lizzie vient faire à manger et toi tu assistes tout en grignotant – et le plan de travail devient aussitôt l’apocalypse. qui a dit que les filles étaient toujours ordonnées et propres ? tu me manque aussi lizzie, affreusement. mais au moins on peut toujours se faire des petites après-midi comme celle-ci, imagine si j’étais partie dans un autre état ! partir loin de cassas t’étais impossible, pour être honnête. cassas, c’est ta maison depuis huit ans, et partir te sembles complètement impossible. pas quand toute ta famille et tous tes amis sont là. tes parents t’avaient bien proposés des universités très loin, les meilleurs universités d’après eux pour partir en lettres. mais non, toi tu as préféré rester ici, dans ta petite ville. et tu ne le regrettes pas une seconde. tu as tes habitudes ici, toute ta vie, et partir serait la fin du monde. un chien lizzie, vraiment ? tu ricanes. tu arrives à peine à t’occuper de toi, alors d’un chien ? non non non, peut-être un poisson rouge à la rigueur. tu la taquines, un petit sourire au coin des lèvres. lizzie est bien la meilleure amie qu’on puisse rêver, mais elle est bien incapable de s’occuper d’un animal ou d’elle-même, alors tu prends toujours de ses nouvelles, et quand tu peux lui rappelle ce qu’elle a oublié. après tout, à quoi une meilleure amie sert ? tu secoues la tête, amusée, lorsqu’elle change de sujet pour parler des potins. s’il y a bien une chose que tu n’as pas en commun avec la blonde, c’est bien ça. tu détestes parler des autres personnes, des ragots et des petites histoires. c’est comme un virus qui s’est installé en ville il y a des années, personne ne peut s’occuper de ses affaires et se mêlent toujours de celles des autres. les rumeurs sont toujours le premier sujet d’actualité. et ça, tu ne supportes pas. j’en ai entendu parlé, oui. beaucoup de gens en parlent à la fac, mais je n’ai pas cherché à regarder ou à m’attarder. tu sais que je n’aime pas ce genre de choses. si ça se trouve, on parle de toi là-dessus. tu n’as rien a caché, de toute façon, et tu n’as jamais rien fait de scandaleux, alors ça t’étonnerais. et le sujet des études revient. tu grinces des dents. en ce moment, tout le monde te demandes comment ça va les études. et tu réponds toujours bien. evidemment, tu as de bonnes notes, tu as rencontré des gens, tu te mélanges bien. tout est idyllique, bien sûr. comme tu l’avais rêvé, bien sûr. tu hoches doucement la tête. je m’intègre. je ne suis pas perdue et je rencontre des gens. tu réponds seulement ça. tu veux changer de sujet. et toi tu as enfin choisie ? j’imagine que ta mère ne doit pas être aux anges de te voir travailler en tant que serveuse cette année, alors j’imagine pas l’année prochaine…