don't panic, everything will be fine. (alfie)

J'avais une poisse d'enfer, avec ces machines. Je ne sais pas ce que j'avais fait pour mériter cela, mais c'était ainsi. Un mauvais karma avec les voiture ? Aucune idée mais j'étais de plus en plus en train de me le dire. Ou alors c'était tout simplement pour m'emmerder, faire que je ne puisse pas partir de cet endroit. Une panne m'avait fait rencontrer tout mon petit monde actuel, mon petit ami, l'objet de mes tourments mais aussi un autre jeune homme : toi. C'était d'ailleurs chez ton patron que j'avais confié ma voiture, vous étiez les meilleurs pour cela donc je vous faisais confiance, jason ne m'avait dit que du bien de ce garage et de vos petites mains. Je m'étais fait poser par une amie, pour aller donc récupérer ma voiture. Votre garage se trouvait légèrement hors de la ville, prêt de la forêt. Certes, pas à côté mais au moins, l'endroit était plus intéressant en cas de panne, ce qui avait été mon cas. Ton patron avait d'ailleurs, rigolé en me disant que de toute façon tout le monde tombait en panne ici, dans cette zone et que je n'étais pas un cas à part.

Une fois posé devant le garage, je m'avance donc devant l'une des grandes portes. Je souffle doucement, tout en m'avançant dans le garage, voyant que ma voiture était ici, prête encore à m'en faire voir de toutes les couleurs. Je fais légèrement le tour, avant de me arrêter net, sursautant par  la même occasion, tombant nez à nez avec toi. Mon cœur rate un battement quand je te vois ainsi. Tu étais fichtrement trop mignon pour un gars de ton âge, cela devrait être interdit. De l’huile plein le tee-shirt, tes bras dénudés et musclés à souhait, ce visage angélique et ténébreux à la fois...bref, je fondais littéralement. Je me racle légèrement la gorge, triturant la lanière de mon sac à main, avant de lancer :
"Salut... Je viens voir si ma voiture est prête. On m'a dit aujourd'hui mais pas trop quand, donc voilà." Dis-je simplement, t'offrant un petit sourire en coin.

"Fin, je peux attendre un peu,si je dérange évidemment." Lançais-je donc, tout en passant une main dans ma chevelure, regardant légèrement de côté,tout en me tenant bien droite.

C’était un fait désormais qu’il y avait des jours où Alfie n’était pas d’humeur, pour rien ni personnes. Ni quoi que ce soit. Des jours où rien que le fait de se lever le matin lui semblait pire qu’insupportable. Où il voudrait juste se terrer au fond de son lit et ne jamais y sortir, ne plus voir le jour et se morfondre dans l’obscurité lui semblait une bonne idée. Malheureusement ça me marche pas comme ça la vie et il l’avait appris bien assez tôt. Il doit se lever, aller au boulot. Avoir de l’argent. Pour payer son appart, vivre tout simplement. Ce n’est pas qu’il n’avait pas envie de vivre ces jours-ci, loin de là, mais l’idée d’être seul avec ses pensées et de ne pas vouloir trouver de solution à sa tristesse et son mal être. Alors l’idée d’aller au garage, d’interagir avec d’autres personnes, aussi amicales qu’ils soient, ne l’enchantait pas des masses. Dans ces cas là ses collègues le voient bien, qu’il n’est pas d’humeur, qu’il n’a pas envie de faire la causette poliment comme il pourrait le faire les autres jours de la semaine. Alors il se terre dans son coin, il fait son travail tout seul sans que personne ne l’embête, son patron passe juste le voir de temps en temps quand il a besoin d’aide. Oui parce qu’après tout, à la base Alfie n’est pas un spécialiste de voiture, loin de là. Il entend même parfois des ragots, dans la rue, qui disent qu’il a été embauché pour remplir le pourcentage de minorité ou d’autres gentillesses de ce genre. Le brun essaye de ne pas y prêter attention même si ces mots se gravent dans sa mémoire, prêt à ressurgir quand il sera au plus bas. C’est toujours comme ça, il ne peut s’empêcher.

Comme aujourd’hui, il joue l’hypocrite, il s’insurge de toutes les remarques liés à son handicap qu’on peut lui faire, mais il fait semblant de ne pas avoir entendu, pour éviter les gens. C’est comme ça qu’ils comprennent en général, parce qu’ils se retiennent de répéter au cas où il aurait entendu, pour ne pas le vexé. C’est une danse difficile que personne n’avait réussi à comprendre les codes, même pas Alfie. Les deux autres gars s’occupaient d’une voiture, d’un gros projet qu’ils avaient de retaper une vieille voiture de collection pour un gros client. Lui n’avait pas le droit d’y toucher vu son peu d’expérience alors il s’arrangeait pour faire des petites choses, des réparations minimes qu’il avait appris à faire au fil des mois. Puis, les mains dans l’huile, son patron s’approcha de lui, pour lui parler, au contraire des autres qui avaient ‘habitude de crier à travers le garage. « Je vais chercher des pièces, il y a juste une voiture qui va être récupéré aujourd’hui, tu t’en charges. » Il était trop proche de lui, comme s’il venait dans son espace personnel pour être sur qu’il avait entendu. Cela fit grincer des dents Alfie, mais il hoche de la tête sans vraiment le regarder.

Le temps passe vite, il en oublie presque la notion. Faisait son travail automatiquement comme un robot. Il se remerciait de son travail parfois, ça lui permettait de se vider la tête, de penser à autre chose. Il marchait la tête baissé quand il remarqua la présence de quelques d'autres. En relevant la tête il remarqua que c'était elle, Rhea. La seule qui savait encore le faire réagir, faire resurgir celui qu'il était. Il ne savait pas comment ni pourquoi et honnêtement essayait de ne pas trop y penser. "Salut... Je viens voir si ma voiture est prête. On m'a dit aujourd'hui mais pas trop quand, donc voilà." Il ne l'avait pas entendu arrivé, chose qu'il détestait. Il se faisait surprendre par pleins de monde et il détestait cela. Etre pris au dépourvu. Comme maintenant il ne savait pas que c'était sa voiture qui était prête et en même temps il n'était pas censé le savoir, ça ne devrait pas faire de différence pour lui.

"Fin, je peux attendre un peu,si je dérange évidemment." Il tourna la tête vers le côté, une habitude qu'il avait pris au fil des années comme pour tendre l'oreille. Puis en même temps il cherchait du regard les autres gars du garage, ne les voyant pas, surement enterrés dans leur épave. Il racla sa gorge en essayant de reprendre un peu d'assurance. « Ta voiture est prête t'inquiète pas c'est juste que normalement on fait un dernier contrôle avec le proprio au cas ou, mais les gars l'ont pas encore fait.. et hum.. » Il n'osait pas lui dire. Qu'il ne faisait pas les contrôle. Il ne pouvait pas. Il n'avait jamais essayé, mais rien que le fait de se retrouver sur le siège conducteur était douloureux pour lui. Puis il ne pouvait pas la faire attendre, ni aller chercher un des gars, il allait passer pour un abruti.. que ce soit auprès d'eux ou même d'elle. D'un élan de courage, il dépose son torchon sur une des étagères et cherche des yeux les clés de sa voiture pour les prendre dans sa main et la regarde en lui souriant. « Je vais te faire ça vite fait, suis moi. » L'air confiant, mais à l'intérieur il avait des sueurs froides.

Nerveusement, je t'offre un sourire en coin. Je ne pensais pas que cela serait toi, qui allait t'occuper de mon véhicule. Au fond, j'étais plutôt contente, t'étais plus intéressant et plaisant à regarder que le patron du garage et que les autres types qui bossaient ici. Mais bon, d'un autre côté, j'avais un peu envie d'éviter de trop rester avec toi, car tu m'émoustillait trop, tu étais beaucoup trop séduisant à mon goût et cela me perturbais un peu. Mon cœur et ma tête entrait en compétition, entre l'envie de te sauter dessus, comme j'aurais sans doute fait de base, mais ton âge entrait aussi très vite en compte et me stoppais net, à la porte d'entrée on vas dire, comme une vulgaire pancarte "attention chien dangereux". C'était tout comme. Mes yeux avaient du mal à se détourner de ton visage angélique, de tes yeux incroyablement clair, de ton corps...trop musclés, trop...bref. Je regarde donc ailleurs, soufflant un bon coup, mon talon jouant avec un caillou qui trainait essayant donc, tant bien que mal, de cacher ma nervosité et ma gêne. N'importe quoi vraiment. Une fille comme moi de presque trente ans, étant une vraie gamine face à un jeune homme. J'étais ridicule, y'avait pas d'autres mots.
"Oh je vois...Je peux attendre au pire..." Dis-je en te coupant un peu, mais levant finalement les mains en signe d'approbation quand tu ajoutes que tu allais le faire. Je t'offre un petit sourire, tout en te suivant tel un petit chien, sagement. Je m'approche donc de mon véhicule, montant donc sur le siège passager, voyant que tes mains tremblaient un peu, quand tu vins mettre ta ceinture.
"Ça va ? T'a pas l'air dans ton assiette ?" Demandais-je alors, mes sourcils se plissant un peu. J'étais au courant de l'accident que tu avais eu, avec des jeunes de la ville. Mais je ne pensais pas que tu étais aussi..terrorisé. Tu avais l’œil un peu brillant, tes mains tremblaient et je sentais que tu étais pas du tout bien.
"Tu...Tu as reconduis depuis...?" Essayais-je de dire, en espérant que tu ne le prennes pas mal, même si j'étais pas du genre à tourner autour du pot. Ma franchise était légendaire.

Il ne savait pas quoi faire, il avait des milliers des pensées dans sa tête, de questions. Il avait beau essayé de trouver des excuses pour tous les autres clients ou même auprès de ses patrons, là il n'avait pas trop le choix. Puis il ne le dirait jamais à haute voix, mais il ne voulait pas passer pour un incapable devant Rhea, puis il voulait profiter un peu de sa présence aussi.. Mais là, son désir était submergé par la panique et de l'angoisse. Il ne savait pas où se mettre. Arrivé devant la voiture, Alfie ouvrit la porte côté conducteur en s'assit. A peine assit, le volant devant lui, il pouvait sentir des sueurs froides coller le long de son dos. Il essayait de se souvenir des exercices de respirations qu'il avait apprit lorsqu'il avait eu des crises de paniques juste après l'accident, mais là il ne savait pas comme se calmer. Il faisait semblant de rien et espérait que Rhea ne verrait rien, même s'il en doutait fortement. "Ça va ? T'a pas l'air dans ton assiette ?" Il déglutit lourdement, la gorge coincée en mettant sa ceinture de sécurité. Il ne pouvait s'empêcher de se revoir faire les même gestes, le jour de l'accident, juste avant de partir sur cette route maudite. Toute la confiance qu'il avait trouvé au fond de lui lors de l'arrivée de Rhea était parti bien loin, assombrit par sa mémoire. Il se racla la gorge et fit semblant de regarder les commandes pour vérifier que tout allait bien. "Tu...Tu as reconduis depuis...?" Il tourna vivement sa tête vers Rhea, la regardant avec des yeux grand ouverts et un air un peu désespéré sur le visage. Evidemment qu'elle était au courant, tout le monde en ville était au courant, même après trois ans on lui ressortait souvent, en lui disant qu'il avait été chanceux. Il avait envie de lui dire qu'il allait bien, que ça allait le faire. « Non.. » Enfin, ce n'était pas tout à fait vrai, il avait réessayé, mais n'avait pas réussi, il avait fini en crise de panique à pleurer sur son siège et il ne voulait réitérer cette expérience. Il posa ses mains sur le volant lentement, comme s'il allait le brûler. Il n'avait pas le choix, il fallait le faire. Il tourna la clé pour allumer le moteur de la voiture, sentant celle-ci prendre vie et trembler autour de lui. Il ferma les yeux en reposant son crane sur l'appui tête. Il souffla doucement, il n'entendait rien d'autre que le moteur de la voiture, comme si elle grognait à cause de sa présence. « Je suis désolé je... » Il vouait partir, loin, mais il n'avait pas le choix, il ne voulait pas s'expliquer devant son patron du pourquoi il n'avait pas fait le contrôle. Il se redresse sur son siège en rouvrant les yeux pour ne pas voir les images de l'accident. Il ne savait pas quoi dire à Rhea, mais au fond il savait qu'elle comprendrait. « Ça fait trois ans que j'ai pas reconduis.. c'est stupide je sais mais.. j'y arrive pas. » Il baissa la tête pour regarder ses mains, toujours agrippés au volant, ayant peur de le lâcher pour ne pas perdre le contrôle.

La situation tourna légèrement au vinaigre. Je ne compris pas tellement pourquoi. Enfin, si. Un peu. J'étais vaguement au courant de l'accident que tu avais eu avec quelques jeunes de la ville, étant un peu une commère, j'aimais bien savoir ce qui se passait et je m'étais un peu renseigné sur toi, je l'avoue. C'est vrai qu'on ne remarquais pas ton handicape, tu n'avais aucune séquelle vraiment importante et physique...hormis la perte donc de l'ouïe sur une oreille. A mes yeux, ce n'était pas vraiment grave. Tu n'étais pas énormément touché pour ta vie de tous les jours mais ça...je le disais car je ne connaissais pas tes rêves, tes ambitions. Oui, cela changerais sans aucun doute mon point de vue sur la chose, après j'étais un peu nulle de parler de la sorte, de penser de la sorte. Je n'étais pas handicapé de quoique ce soit, alors...C'était un peu facile pour moi.
"Je comprend...Ne t'emballe pas, hein. Fin, si tu peux pas le faire, ne le fait pas. Mais je pense que tu es capable d'y arriver, je sais que c'est pas simple, t'imagines même pas le nombre de soucis que j'ai eu en bagnole. J'ai eu des accidents aussi, bon après...j'ai pas eu de traumatisme donc j'avoue que je parle un peu sans savoir...Désolée.." Dis-je en me mordant légèrement la lèvre, mes mains tapotant mes cuisses, tout en soufflant. Je me trouvais ridicule, là tout de suite. J'étais pas très douée pour réconforter, l'habituée à être souvent seule et à me morfondre seule. Ma main vint se poser sur l'une des tiennes, sans même que je m'en rende compte.
"T'excuses pas, t'a vraiment pas à le faire. J'aimerais bien t'aider mais je pense que vraiment, le seul moyen c'est que nous allions dans un endroit tranquille. Laisse moi le volant ok ?" Dis-je en remontant ma main sur ton épaule, profitant par la même occasion de ta délicieuse musculature. Un petit frisson me parcours, d'ailleurs. "Calme tes hormones Rhéa, calme", pensais-je, c'était pas du tout le moment. Je me redresse donc, pour sortir de la voiture, te faisant signe d'inverser les rôles. Je voulais vraiment t'aider à au moins, ne plus avoir à flipper dans une bagnole, au moins pour faire quelques mètres en voiture, ce serait déjà une bonne chose.

Je finis donc par prendre la place du conducteur, tant pis pour la règle de vérification ou je sais pas quoi. Elle roulait ma voiture, c'est tout ce que je remarquais. J'en avais un peu marre de ces machines roulantes. Entre tomber tous le temps en panne quand j'en ai le plus besoin et foutre des terreurs à des gars comme toi, c'est vraiment pas le top. Mais on pouvait tellement pas s'en passer...Je roule jusqu'à une petite route que je connaissais, de par des amis, qui m'avais emmené dans un petit coin de foret bien sympa pour une balade, et il y avait une grande route en ligne droite, en terre mais en bon état et entretenue. Je me stoppe donc, avant de tourner ma tête, mettant le frein à main.
"Ecoute. Je sais que tu as peur. Mais la peur, elle peut te causer encore plus de soucis. Imagine, là. Je fais une crise, n'importe quoi. Je dois être emmené à l'hôpital en urgence. Aller, limite si faut, je vais me jeter dans les buissons, et tu n'as pas le choix que de prendre le volant. Tu fais quoi ? Sache que tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé. J'en suis sûr. Gâche pas ta vie, pour un acte que tu n'as pas commis. C'est à l'autre personne en face de toi, qui doit en payer le prix, pas toi. Alors vient. " Dis-je, en sortant du véhicule, étant pleine de bonne volonté pour te venir en aide.Ma soeur le disait souvent, j'étais persuasive, même à des milliers de kilomètres, j'avais.

Il y avait un mélange conflictuel de sentiments dans la tête d'Alfie. Il entendait bien les paroles de Rhea, malgré le fait qu'il avait le regard baissé, la tête dans ses souvenirs. Doucement il y avec ses mots qui venaient le repêcher lentement. Il voudrait tellement être aussi confiant qu'elle, sur le fait qu'il allait réussir à reconduire un jour. Que tout était dans sa tête et qu'il fallait qu'il se force, qu'il se bouge. Beaucoup de personnes ont tentés de lui dire ça et ils s'étaient tous confrontés à un mur, à la rage qu'il avait à chaque fois que quelqu'un lui parlait de ce sujet. Parce que comme elle l'a si bien dit, elle ne sait pas ce que ça fait. Oui elle sait ce qu'il s'est passé, tout le monde le sait et ne se gêne pas pour lui dire, mais elle ne sait pas exactement ce qu'il s'est passé, ce qu'il a vu, ce qu'il a sentit, ce qu'il ressent encore et tous les souvenirs qui le hantent et qui va le hanter encore pendant des années, peut être même toute sa vie. C'est d'ailleurs ce genre d'excuse qu'il donne pour repousser les autres. "Tu sais pas ce que ça fait, tu n'es pas à ma place." Mais là ça ne sortait pas quand il s'agissait de Rhea. Parce que bizarrement ses paroles faisaient sens dans son esprit. Les paroles tournaient, mais son corps ne bougeait toujours pas. Ce fut la main qu'elle posa sur la sienne qui le fit revenir à la réalité. Il cligna des yeux en la regardant, comme s'il se souvenait d'où il était, dans le garage et non dans sa voiture avant l'accident. "T'excuses pas, t'a vraiment pas à le faire. J'aimerais bien t'aider mais je pense que vraiment, le seul moyen c'est que nous allions dans un endroit tranquille. Laisse moi le volant ok ?" Il n'eut même pas le temps de réagir qu'elle était déjà descendu de la voiture pour prendre sa place au volant.
Son corps avait bougé par automatisme, comme un robot, écoutant son corps plutôt que sa tête et il espérait au fond de lui que personne n'avait vu que c'était elle qui était au volant, parce qu'il ne pensait pas que ses collègues ou même son patron apprécierait cela. C'était son point d'honneur de faire un dernier controle avec les clients avant qu'ils reprennent leur voiture pour s'assurer que tout était parfait et leur expliquer ce qui avait été fait sur leur biens. Alors quand il se vit s'éloigner du garage avec Rhea, il se dit que c'était une mauvaise idée, mais il ne pouvait pas faire demi tour à présent. « Tu as pas à faire ça.. Je suis sur que tu as pleins de choses à faire, j'ai tenu pendant trois ans je peux encore attendre... » Il prononça cette dernière phrase sur le ton de la rigolade, mais au fond de sa gorge on pouvait entendre l'amertume qui transparaissait dans ses paroles. Encore une excuse pour faire marche arrière.

Une fois arrivée à une route droite et silencieuse, il avait enfin compris qu'elle voulait qu'il prenne le volant, doucement pour le décoincer de son malaise. "Ecoute. Je sais que tu as peur. Mais la peur, elle peut te causer encore plus de soucis. Imagine, là. Je fais une crise, n'importe quoi. Je dois être emmené à l'hôpital en urgence. Aller, limite si faut, je vais me jeter dans les buissons, et tu n'as pas le choix que de prendre le volant. Tu fais quoi ? Sache que tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé. J'en suis sûr. Gâche pas ta vie, pour un acte que tu n'as pas commis. C'est à l'autre personne en face de toi, qui doit en payer le prix, pas toi. Alors vient. " Il fronça les sourcils, essayant d'imaginer la situation qu'elle avait énoncé. C'est vrai ça ? Si il lui arrivait quelque chose, qu'est-ce qu'il ferait ? Surement sous le coup de l'adrénaline il aurait prit le volant sans se poser de question, mais il fallait bien qu'il y arrive en dehors de situations d'urgence. Sache que tu n'es pas responsable de ce qui s'est passé. C'était ça le vrai coeur du problème, il s'imaginait que s'il reprenait le volant, il allait lui arriver la même chose et qu'il allait mettre en danger la vie de quelqu'un d'autre. On lui a répétait maintes et maintes fois, que ce n'était pas sa faute. Encore une fois, ils échangèrent de place sans qu'il ne dise rien. Décidément elle avait le don pour le laisser bouche bée. « Si euh.. si je fais une crise d'angoisse.. mets moi une claque ok ? ça me calmera. Te retiens pas surtout..  » Encore une fois dis sur le ton de l'humour il savait bien qu'elle avait compris que ce n'était pas une blague au fond. Il remit les mains sur le volant. Il alla mettre le pied sur les pédales quand il retourna la tête vers Rhea. « Hm, le mieux c'est que tu me parles hein ? Que tu me distrais, histoire que je pense à autre chose, je sais pas si ça va marcher ou pas, mais ça vaut le coup d'essayer non ? Et t'es sur qu'il y a personne sur cette route ? Parce que je sais pas ce que je vais faire si je croise une voiture ou.. » Il s'arrête de parler. Il parle trop là. Il s'en rend bien compte et il essaye de combler le vide et le temps pour qu'il évite de conduire, mais il se coupa lui même, en arrêtant de se trouver des excuses.

Il fallait que tu essaies, tu n'avais rien à perdre de toute manière, enfin..si ce n'est que trois ans de ta vie à flipper devant ces machines faites de métaux lourds et de l'imagination des hommes. Tu devais te reprendre, arrêter d'être faible surtout pour une chose que tu n'avais pas faites. Tu n'étais pas responsable de ce regrettable accident, tu n'étais pas en tort, je le savais et j'en étais plus que certaine. Tenir trois ans...et bien cela avait du faire long, je me demandais vraiment pourquoi tu n'avais pas réussi et que aujourd'hui, avec une presque étrangère, tu acceptais enfin de te livrer, d'essayer...Je le prenais assez bien d'un côté, je devais être assez influençable pour toi, pour que mes paroles te touchent, te fasse faire quelque chose qui te paraissais complètement impossible. Alors oui, je me sentais un peu fière de moi, mais je le serais encore plus quand tu aura réussi à faire quelques mètres, cela serait déjà un progrès des plus immenses.

Si euh.. si je fais une crise d'angoisse.. mets moi une claque ok ? ça me calmera. Te retiens pas surtout.. » Je lève les yeux au ciel, manquant de pouffer. Je lance donc :
"Ne t'en fais pas, je te ferrais pire que cela si tu fais une crise d'angoisse, fin tu vas t'en souvenir crois-moi" Marmonnais-je légèrement tout en gardant ce petit sourire taquin aux coins des lèvres, prenant presque un air pervers pour ré-haussé un peu ce qui t'attendais. Je vins donc me ré-asseoir à tes côtés pour donc essayer de t'aider à faire quelques pas avec mon véhicule. Je commence d'ailleurs à me demander si je fais pas une bêtise, en ayant pris ma caisse pour faire cela. Elle venait juste d'être réparer alors j'aurais bien aimé ne pas avoir à la faire re-réparer si tu fonçais dans un arbre. Mais bon, je garderais une main sur le frein à main et cela devrait aller.
"Ok...Bon hmm de quoi donc on pourrais parler ? Aller tien, je vais te raconter ma vie. Je suis de San Francisco, ça fait quatre ans que je suis ici. J'étais styliste là-bas, avant de me rendre compte que les gens, c'étaient des pourritures. Que le fric, pas de place pour l'humanité. C'est encore pire que les affaires, la finance. C'est des requins et je déteste ça, le monde de la mode en fait. Je préfère faire la petite sourire de l'ombre et créer sans être emmerder. Cela marche bien, j'ai pu acheter une petite boutique grâce à mon ex-copain..fin le fils du maire quoi, et du coup j'ai monté ma propre marque, cela commence à bien marcher donc c'est assez cool. Bon c'est vrai que c'est pas évident, de tout faire seule pour l'instant et dans un coin aussi paumé. Je risque de pas mal bouger prochainement ma fois, si ma bagnole tombe en rade comme ça, je suis pas prête d'y arriver quoi " Dis-je en tapotant mes doigts sur le bord de la fenêtre, contrôlant ce que tu faisais du coin de l'oeil. Je voyais tes mains trembler un peu sur la boite de vitesse, c'est presque instinctivement que la mienne vient se poser sur la tienne:
"Aller, respire. C'est toi qui la contrôle et pas l'inverse, d'accord ?"

Il regardait droit devant lui, il essayait aussi de ne pas trop se laisser distraire en regardant Rhea. Il l'écoutait très attentivement, mais son oreille tourné vers elle, mais le regard droit devant. Sur la route, le chemin et il regardait ses mains sur le volant. Inconsicemment il essayait de remarquer les différences par rapport à l'accident, le changement d'environnement et de lieu, de temps. De se convaincre que ce n'était pas le même jour, que la situation était différente, qu'il n'allait pas se passer la même chose, que ce n'était pas possible. La paranoïa l'avait envahit depuis un moment déjà. Qu'ils s'agisse des gens ou même de ce que lui faisait, il trouvait toujours des excuses à tout, des signes dans tout. Son esprit est resté bloqué il y a trois ans, il revit la même journée presque tous les jours et il n'arrive pas à avancer. Il a perdu bien des amis qui ne comprenaient pas ce qu'il vivait, comment il pensait. Ils disaient qu'il en faisait trop, qu'il aimait se faire plaindre ou d'autre chose du genre. C'est après ce genre de remarque qu'il s'est bien vite rendu compte que ce n'était pas des vrai amis ou qu'ils ne valaient pas la peine d'évoluer avec ces gens là dans sa vie. Il avait assez de soucis comme ça pour se préoccuper des autres personnes qui vont le redescendre encore plus. Il est assez mal dans sa peau pour éviter d'avoir d'autres raisons pour son mal être.
Alors qu'ici et maintenant avec Rhea il était bien.. enfin.. tout de suite maintenant on ne pouvait pas dire qu'il était cent pour cent à l'aise dans la situation, mais après trois ans, c'est la seule qui l'a décidé de se mettre derrière un volant pour ne serait-ce qu'essayer de reconduire. Il ne se sentait pas vraiment psychologiquement prêt pour le faire, mais il ne le serait jamais probablement alors autant se jeter à l'eau.
Il se concentra un minimum pour retrouver les automatismes qu'il avait autrefois perdu, il écoutait la brune raconter sa vie, en même temps gardant des informations pour lui, pour plus tard peut être.. Ils ont toujours été confortable l'un avec l'autre sans pour autant tout se dire sur leur vie. Il tourna sa tête vers Rhea quand elle posa sa main sur la sienne. C'est comme s'il avait pris une bouffée d'air en quelques secondes. Il a réappris à respirer. "Aller, respire. C'est toi qui la contrôle et pas l'inverse, d'accord ?" Il lui rendit un petit sourire courageux en prenant sa main quelques instants pour serrer ses doigts, comme un remerciement silencieux de ce qu'elle faisait pour lui et de lui faire confiance.
Il refit face à la route, se redressant en soufflant d'un coup en prenant son courage à deux mains. Il commença a bouger le levier de vitesse, faisant avancer doucement la voiture sur la route. Il avait les yeux écarquillés sur la route. « Ok... ok.. ok..  » Il parlait pour se rassurer en faisant avancer la voiture sur la route, il avait les mains fermement ancrées au volant. Il se revoyait à ses premières leçons de conduites, il était autant voir encore plus stressé qu'à ce moment là. Au bout de quelques mètres à peine, de quelque secondes sur la route à une lenteur ennuyante pour tous conducteurs, un petit sourire euphorique était apparu sur son visage sans qu'il ne s'en rende compte.« Oh putain.. Rhea ? Rhea ! » Il lui parlait comme un gamin qui était satisfait de ce qu'il faisait, qui avait besoin qu'on le félicite et le rassure. Il avait surement l'ai ridicule, mais il était tellement heureux de ce petit pas qu'il s'en foutait complètement.

Je commençais à douter de mon pouvoir de persuasion, tu avais vécu une chose terrible, un véritable traumatisme qui demandait sans doute de l'aide d'un thérapeute ou quelque chose comme ça. Je ne me pensais pas réellement capable de t'aider, j'essayais et au pire, je n'avais rien à perdre de toute façon Nous verrons bien, mais c'est vrai que de te voir dans un tel état, cela me foutais un peu les boules, j'avais mal au ventre en essayant une simple seconde, d'imaginer tout ce que tu avais pu vivre. Je serre davantage ta main, comme pour tenter de te donner toute la force que j'étais capable de t'offrir en cet instant difficile. Ce qui était beau à voir, c'est que tu ne lâchais rien, tu voulais pas partir aussi vite, tu voulais essayer à tout pris. C'était déjà très courageux d'essayer, j'allais te le dire mais c'est avant de voir que la vitre bougeait. Enfin non ! Que le paysage bougeait. Mon coeur s'emballe donc, un sourire immense et heureux se dessine sur mes lèvres. J'étais surexcitée de voir que tu étais en train de réussir, je n'aurais pas été enfermé dans l'habitacle, je sautillerais comme une gamine et partout.
" Je vois Alfie ! Bravo ! Continue jusqu'à la fin de la route, aller ! Tu y arrives ! Ça y'est ! " Ajoutais-je toute excitée, regardant donc lentement mais surement, la fin de la route s'approcher. J'étais vraiment contente pour toi, regardant ton visage s'illuminer.
Une fois stopper, je retourne à nouveau mon visage vers toi, riant alors.
"Je te l'avais dis que t'en étais capable purée, je suis vraiment fière de toi !" Dis-je avec excitation. L'acte qui s'en suivit, je sais pas trop ni pourquoi, ni comment. Enfin plutôt comment. J'étais heureuse, tu étais heureux et je sais pas. D'un coup. Mon esprit et mon coeur c'était accorder sans même me demander la permission. Mes lèvres vinrent se joindre aux tiennes, sans crier gare. Bigre que j'en avais eu envie de ce baiser. Te voir si heureux, m'avais réellement donner encore plus envie de venir te voler ce baiser. Mais mon cerveau se remit en marche, et je recule brusquement, avant de te regarder, rouge comme une pivoine.
"Mmh...Pardon. Je sais pas ce qui m'a pris...Merde." Dis-je en ouvrant la portière du passager, étant complètement mal à l'aise. Nan, vraiment, ça allait plus. Fallait que je prenne l'air là.

Il pouvait sentir l'euphorie au bout de ses doigts, il avait un sourire béa sur le visage qu'il ne pouvait pas contrôler et qui était tellement sincère et unique qu'il n'avait pas envie qu'il parte. La panique qui l'avait envahit quelques instants auparavant était presque parti, remplacé par l'envie de crier de joie et de gigoter par tout. Evidemment il restait un peu concentré sur la route, ce n'était pas parce qu'il réussissait à aller à 10km/h qu'il était prêt non plus pour aller sur la route et reprendre le rythme qu'il avait avant. Mais c'était une petite avancée qui méritait d'être célébré et apprécié. Il se dit qu'il devait absolument le dire à ses parents et Noor également, ils seront surement déçus de ne pas avoir été là, mais au moins ils seraient heureux pour lui, il n'en doutait pas le moins du monde. " Je vois Alfie ! Bravo ! Continue jusqu'à la fin de la route, aller ! Tu y arrives ! Ça y'est ! " Cela lui fit sortir un petite rire de bonheur. Il n'en croyait presque pas et le fait que Rhea soit là pour le rassurer et confirmer que ce n'était pas un rêve, c'était tout ce qui lui fallait. Il arrêta la voiture au bout du chemin comme elle lui avait dit. Toujours le sourire aux lèvres et il se tourna bien vite vers Rhea pour voir son visage aussi enjoué que le sien. « Oh putain.. j'ai du mal à y croire.. »
Il rit une seconde fois doucement et il avait presque envie de faire un câlin à cette voiture, même si ça paraissait stupide. "Je te l'avais dis que t'en étais capable purée, je suis vraiment fière de toi !" Bizarrement ses paroles le fit presque rougir, il ne savait pas vraiment quoi dire à part la remercier d'avoir été là et de l'avoir un peu poussé à le faire. Il posa sa main sur le bras de Rhea et commença a ouvrir la bouche pour la remercier. « Merc- » Il n'eut même pas le temps de finir sa phrase que la bouche de Rhea se posa sur la sienne, lui coupant la parole et le surprit. Il ferma les yeux pendant juste quelques instants, mais il n'avait même pas le temps de profiter ce baiser qu'elle s'éloigna de lui. Un sourire encore plus grand était sur ses lèvres, mais il tomba bien vite quand il vit le visage que faisait Rhea. "Mmh...Pardon. Je sais pas ce qui m'a pris...Merde." Il ne comprenait pas trop la réaction de Rhea. Il était indéniable que toux deux avaient envie de ce baiser et malgré le fait qu'il ne savait pas exactement tout sur elle, il sentait qu'il y avait un truc qui se passait entre eux. « Rhea, attend ! »Il sortit à son tour de la voiture pour la rejoindre. Il la rejoint et entreprit un geste pour que sa main se pose sur son bras, mais il se retint, ne sachant pas vraiment si c'était la bonne chose à faire. « Je.. je voulais juste te remercier pour.. la conduite. Je suis désolé si je t'ai mis mal à l'aise.. » Le baiser venait d'elle, mais il ne voulait pas qu'un malaise s'installe entre eux.

L'euphorie du moment ou tout simplement une envie masquée depuis un moment ? Je n'en savais trop rien, sans doute plus la seconde possibilité mais je dois avouer que je ne comptais pas être clair même envers moi-même sur ces sentiments. Je ne voulais pas me retrouver encore dans une situation à la con, avec un type et surtout un type beaucoup plus jeune que moi, qui n'avais pas les mêmes attentes, qui n'avais sans doute pas les mêmes visions du couple. Après, c'était difficile à dire, je ne te connaissais pas dans ce contexte, nous nous étions pas poser pour parler plus que cela des relations amoureuses ou quoi, ont apprenait encore à se découvrir alors bon. Je fuyais donc. C'était toujours ma solution à moi ça, de fuir. J'étais pas capable d'assumer là, vraiment pas. C'était triste car nous venions de vivre un moment de joie immense, tu avais réussi. J'étais très fière de toi et fière de moi, d'avoir un peu insisté pour que tu le fasses. Mais voilà que j'avais clairement mis un gros stop à ce moment de paix et de joie.

Je me stoppe cependant quand tu m'arrêtes, écarquillant un peu les yeux en t'écoutant t'excuser. Tu étais vraiment adorable, c'était presque inhumain d'être aussi...prévenant. Je secoue alors la tête, avant de lancer, tout en croisant mes bras contre ma poitrine :
"Mais non, c'est pas à toi de t'excuser, mais à moi. Pareil je voulais pas mettre un malaise, je sais pas ce qui m'a pris, vraiment. J'étais vraiment contente, fin je suis contente en tout cas, t'imagines même pas comme c'est super ce que tu viens de faire Alfie, je suis sur que tu n'en reviens encore pas" Dis-je en souriant finalement, changeant ainsi totalement de sujet pour éviter de reparler de ce baiser malencontreux qui devait au final, passer aux oubliettes. C'était mieux ainsi, autant pour toi, que pour moi.
"Bon, je pense que le test voiture en tout cas, est bon, puisque même si tu as rouler à deux à l'heure, elle re-roule à nouveau." M’esclaffais-je donc,tout en posant brièvement mon regard sur le véhicule.
"Et bien hm...Tu veux recommencer un peu ou truc préfère rentrer ? Car je t'embarque là,mais t'avais sans doute du boulot, non ?"