You will never found someone like me

J'observe, par la fenêtre de ma voiture, les rayons du soleil qui perce les nuages gris en souriant légèrement. Ça va être un bel hiver blanc et je sais que ça va plaire à ma petite poupée. Je l'attends patiemment. Elle n'aime pas beaucoup l'école mais elle accepte d'y aller. Je suis certaine que c'est parce qu'elle a un amoureux et qu'elle ne veut pas me le dire. Quand je l'observe jouer, rire ou sourire, j'ai toujours l'impression de le revoir, de sentir sa présence. Et mon cœur se serre. J'ai envie de pleurer chaque fois que je repense à notre relation, notre rupture. Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé. Je suis arrivée à Cassas avec mes parents quand j'avais douze ans. Ça n'a pas été simple pour moi de changer de ville, d'école, d'amis. J'ai cru que je n'y arriverai pas, que je ne pourrais jamais m'intégrer à un groupe ou me faire ne serait ce qu'un seul ami. Quand je suis arrivée à mon premier jour d'école, j'ai bien senti que ce serait compliqué pour moi. J'étais la petite nouvelle. Papa a décidé de déménager quand il a été licencié. Il a réuni toutes les économies de la famille, vendu l'appartement de New-York et il a acheté une ferme dans un trou perdu. On vivait loin de tout, de la civilisation. Tout ce qui nous entourait n'était que champs et forêts. Je savais que je ne pourrais jamais m'intégrer dans cette vie. Les hauts gratte-ciel de New-York me manquait énormément. Le bruit, les mouvements de foule. Ici, c'était beaucoup trop calme, beaucoup trop silencieux.

Je suis une fille de la grande ville, je l'ai toujours été. Lorsque je suis entrée dans cette nouvelle classe, que les regards se sont posés sur moi, j'ai compris que j'allais devenir une attraction pour ces enfants de la campagne. Je me suis terrée dans mon coin des la première semaine. Je faisais croire à mes parents que tout allait bien mais une fois dans ma chambre, je pleurais toutes les larmes de mon corps. Et puis, finalement, il s'est approché de moi, un peu timide. J'étais assise dans mon coin durant la récréation quand il m'a abordé. Il est resté silencieux durant de longues secondes avant de me fixer de ses yeux bleus et de me sourire. Je l'ai observé puis je lui ai souris en retour. Il m'a proposé un bout de banane bread et m'a confié que c'était le meilleur de tout Cassas. Que c'était sa mère qui l'avait fait. Je dois avouer n'en avoir jamais mangé de meilleurs. Il est rapidement devenu mon ami puis mon meilleur ami. Quand on a dix-sept ans, les choses ont changé entre nous. En fait, je crois qu'on a jamais ressenti de l'amitié l'un pour l'autre et qu'on se voilait la face. Alors, c'est venu très naturellement entre nous. On a fini par échanger notre premier baiser. Puis plus tard, notre première fois. On s'aimait comme des fous, on était inséparable. Mais apparemment, on ne s'aimait pas assez pour finir notre vie ensemble. Je suis partie durant trois ans pour faire des études d'infirmière à Nashville mais on a continué à se fréquenter, ce n'était pas insurmontable. Je rentrais chaque week-end. Une fois mon diplôme en poche, j'ai décidé de rentrer à Cassas et d'emménager avec lui. Tout était parfait durant neuf mois jusqu'à ce qu'il me quitte, sans vraiment de raison. La veille il me jurait de m'aimer, de ne jamais m'abandonner. Mais il a fini par partir. Ce n'est que deux semaines plus tard que j'ai appris que j'étais enceinte.

J'ai tenté de le contacter par tous les moyens possibles mais sans résultat. Ses parents ont refusé de me dire quoi que ce soit me traitant de menteuse. Pour eux, il n'était pas le père. Il m'ont claqué la porte au nez, me laissant seule. Je me suis tournée vers mes parents. Eux, ils m'ont conseillé d'assumer et d'élever cet enfant. Je suis heureuse d'avoir pu compter sur eux. Sans eux, je n'aurai jamais eu ce petit soleil qui illumine ma vie. Ma petite Elizabeth. Ma Betty. J'adore ma petite tête blonde même si elle n'a de cesse de me faire penser à cet homme qui m'a abandonné, qui nous a abandonné. Je ne suis même pas certaine qu'il soit au courant pour Betty. Ses parents ont du bien gardé de lui dire. D'ailleurs, ils ne sont jamais venus voir la petite comme si elle était fautive.

Je quitte mon véhicule et me dirige vers la grille, saluant les autres parents qui attendent leur progéniture. J'en la cloche et je vois les portes s'ouvrir. Ma petite hirondelle de cinq ans court vers moi, le sourire aux lèvres, une fausse tulipe en papier dans la main. Je ris, je l'attrape, je la serre contre moi pour la câliner. Elle me manque beaucoup quand elle est loin de moi. On est fusionnelles, on ne peut pas vivre l'une sans l'autre. Je retourne mettre mon petit monstre dans la voiture, l'attachant en l'écoutant me raconter sa journée comme s'il s'agissait de la plus belle journée de sa vie. Tout comme celle d'hier et tout comme celle de demain. J'adore l'entendre parler autant comme si sa vie était exceptionnelle, j'adore son innocence. J'aime aussi voir les mêmes fossettes que son père quand elle sourit, son rire aussi. Elle est parfaite. Si parfaite. J'aimerai qu'il la voit, au moins une fois. Mais je crois que je ne pourrais jamais lui pardonner de m'avoir laissé.