write a good one (ft daisy)

C’est une belle journée pour rêver. Je ne me suis pas attardée très longtemps dans mon petit studio. L’ambiance cocooning de mes plantes, mes plaids et théière ne m’ont pas rassuré.  Enfermé entre quatre murs, je commençais doucement à dépérir ; une fois assise à table et une fois couchée part terre sur le parquet froid. C’est une belle journée pour se promener, profiter du soleil et se laisser aller à la rêverie. Ainsi, je prends une belle couverture colorée, de quoi grignoter et boire avant de partir pour le petit parc de la ville. Rien de bien extraordinaire. Une fontaine, des bancs et de l’herbe. Juste ce qu’il faut pour apprécier un dimanche après-midi ensoleillé. Je m’installe près d’un arbre et n’attend pas avant d’ouvrir mon carnet. Il n’y a presque personne autour de moi, ce silence est agréable. Je m’empresse de dessiner, écrire ce que je vois, ce que je ressens. Mes traits sont rapides, précis. Je dessine le paysage, imagine une montgolfière et une grande roue. Rapidement, je me met à écrire. J’imagine ce personnage sur lequel j’écris depuis plusieurs années dans ce paysage, ce qu’il peut faire. Peut-être peut-il retrouver son amour perdu ? Rencontrer ce père qu’il n’a jamais connu ? Ou pardonner à sa sœur, qui l’a mis de côté ayant peur de n’être qu’une cinquième roue, celle que l’on oublie toujours ? Ce personnage, je ne lui ai jamais donné de nom. Mais il m’inspire. Je raconte sa vie, m’inspire de faits réels et déverse mes déboires, mes bonheurs dans son écriture. Une thérapie efficace. Mes doigts ne s’arrêtent pas et caressent le papier tandis que les mots s’enchaînent. Je lève la tête un seul instant et sursaute, en laissant tombé mon stylo « Tu m’as fait peur ! » dis-je à la jeune blonde, venant troubler mon inspiration.

Au début, je me contentais de gribouiller. On a toujours dit que j’avais un bon coup de crayon. Alors, je m’exprimais en dessinant. Parfois, c’était bucolique, beau et harmonieux. D’autres fois, c’était lugubre, violent et incohérent. Certains hurlent à plein poumons ou boivent pour évacuer, ce carnet et mon crayon : c’était ma thérapie pour accepter que le monde n’est pas aussi joyeux que ce qu’on dit. Et puis, j’ai senti le besoin de coucher sur papier ce que je pensais, ce que je croyais. L’écriture est devenue une seconde peau. Peu importe l’endroit : tout est devenu propice à des mots. Et puis finalement, j’ai créé des personnages qui m’ont accompagné partout où j’allais. Ils ont beau être fait de papiers, ils sont réels pour moi, presque palpables. Raconter leur vie est devenue une obsession, un besoin inhérent à ma volonté de voyager. Alors, quand je suis plongée dans mon univers, il m’ait difficile d’en sortir. C’est sans compter sur daisy et sa capacité à apparaître là où je m’y attends le moins. Je me tiens la poitrine, comme pour dire à mon cœur de cesser de gesticuler suite à cette frayeur. Je ramasse lentement mon stylo tout en ajoutant « Et bien, tu pourras le lire quand je l’aurais terminé. Et pour ça, ce serait bien de ne plus m’effrayer comme ça. Une crise cardiaque c’est vite arrivée ! » Dis-je en plaisantant. En réalité, je ne sais pas si un jour quelqu’un pourra lire ce qui se trouve là-dedans. Je ne sais même pas si c’est déchiffrable. Il y a trop d’histoires, trop de bricabraques dans un seul carnet. Les histoires se mêlent à la réalité, un journal intime et un roman en même temps. Honnêtement, moi-même je ne sais pas où l’histoire commence et où la réalité s’éteint. « Je sais même pas si y a un roman dedans, c’est juste un ramassis d’histoires. Littéralement » dis-je dans un souffle, tout en tenant entre deux doigts mon carnet comme pour appuyer que ce carnet, c’est un peu un ovnis. Je ne sais pas quoi en faire et pourtant, il est utile. « Ça va, comme tu le vois je profite du soleil » Pourquoi rester enfermée chez soi alors que le beau nous appelle ? La nuit s’est fait pour dormir, ou au moins s’emmitoufler sous une couverture pour regarder un film. La journée, il faut l’exploiter dans ses moindres parcelles pour l’apprécier. « Mais sérieux, pourquoi courir et s’arracher les poumons ? » lui demandais-je dubitativement, presque outrée de la voir en tenue de sport. Faire de l’activité physique, ce n’est vraiment pas mon truc. Le yoga, j’en fais pour rester souple. Avoir bonne conscience. Mais les cours de sport ont toujours été ma hantise en cours. La course à pied ? La bête noire d’un programme déjà pas bien reluisant « Pose-toi avec moi, qu’au moins tu ne perdes pas plus de temps dans cette activité physique ingrate. Regarde comme mon plaid t’appelle par sa douceur » dis-je en caressant du bout des doigts la dite-couverture sur laquelle j’avais posé mon modeste derrière et en affichant un sourire amical.