Sujet: Petites histoires de la fin du jour (ft Victoire) Sam 14 Oct - 21:28
I’ll be coming home just to be aloneVictoire & Rafael J'ai rêvé de toi. J'ai rêvé que tu errais comme moi dans l'obscurité. Et puis nous nous sommes rencontrés.•••
Le bruit du gravier sous ses chaussures le renvoya plusieurs années en arrière, dans une ville bien différente de celle-ci. Vingt ans auparavant, un petit garçon s'était trouvé à sa place, un petit garçon qui ne se doutait pas une seconde de ce qui l'attendait. Mais l'homme qui remontait l'allée se focalisa sur une perspective bien plus engageante, regard fixé obstinément sur la porte de la maison, sac sur l'épaule. Il avait eut si hâte de rentrer qu'il n'avait même pas pris la peine de prévenir de son retour. Sitôt le pied posé sur le tarmac et le debriefing effectué, il avait pris la route sans se retourner en direction de Cassas. Il n'était même pas resté pour se poser un peu, ayant quitté Porto Rico depuis quelques heures à peine. C'était un peu comme s'il n'avait pas eut le temps de faire la transition entre les images de chaos qu'il avait laissé derrière et l'aspect bien rangé de cette banlieue résidentielle américaine. Une impression d'irréel. Mais comme à chaque fois, Rafael savait bien qu'il lui faudrait quelque temps pour se débarrasser de cette drôle d'impression.
La clé dans la serrure émis un cliquetis familier et son lourd sac tomba sur le parquet dans un bruit sourd. Le jour tombait sur le Tennessee, nimbant l'entrée de ses derniers rayons, plongeant le vestibule dans un halo de lumière orangée. Etait-elle déjà rentrée ? Il l'ignorait. Mais la fatigue engendrée par ces longues semaines et les dernières heures de vol avait été suffisante pour le pousser à revenir au plus vite. Il avait quitté San Juan au petit matin en ayant la désagréable impression de n'avoir pas fini le travail. Mais le temps était venu de passer la main et de s'en retourner à la base, il avait rempli le contrat. Aussi ne s'était-il pas éternisé à Knoxville. Il aurait bien le temps de leur faire son rapport plus tard.
Sujet: Re: Petites histoires de la fin du jour (ft Victoire) Dim 15 Oct - 22:25
Petites Histoires de la Fin du Jour
Victoire feat. Rafael
You fill up my senses. Like a night in a forest, like a mountain in springtime, like a walk in the rain, like a storm in the desert, like a sleepy blue ocean. You fill up my senses come fill me again.
En prenant Rafael pour époux, Victoire avait accepté le fait que ce dernier allait devoir s’absenter régulièrement afin d’effectuer ses missions de pilote de la Garde Nationale et de sauver des vies. Néanmoins et même après dix ans, la belle française avait toujours un mal fou à s’y faire et lorsque son mari s’absentait, la femme forte qu’elle était se transformait en Pénélope, elle passait le plus clair de son temps à bouquiner où à errer dans la demeure familiale en buvant son thé, tout cela sous le regard souvent atterré de son adolescente de fille qui avait beaucoup de mal à comprendre cette transformation. Cette fois-ci c’était l’Ouragan Maria qui avait envoyé son époux loin de la maison pendant plusieurs semaines et malheureusement les magnifiques et nombreuses fleurs qu’il avait fait livrer dans son bureau n’avaient pas fait passer le temps plus vite... N’ayant pas beaucoup de nouvelles de son cher et tendre – qui passait le plus clair de son temps sur le terrain – elle avait passé son vendredi à bosser et avait quitté le travail un peu plus tôt pour récupérer Davia chez elle et la déposer chez une amie afin qu’elle puisse fêter l’anniversaire de cette dernière. Une fois cette course effectuée, la trentenaire rentra dans une maison étrangement vide et silencieuse, elle mit un petit peu de musique avant d’aller à la cuisiner et de se préparer quelque chose à manger, c’est à ce moment-là que quelques bruits la firent sourire, le cliquetis d’une clé dans une serrure, les grincements de gongs que l’on n’a pas huilés depuis longtemps, le bruit des rangers sales sur le carrelage propre… Il était de retour.
Afin de ne pas passer pour une fleur bleue, l’européenne passa une main dans ses cheveux afin de faire glisser la mèche qui se baladait devant ses yeux derrière son oreille, puis elle soupira assez bruyamment pour être entendue par l’intrus avant de se tourner et de sourire à nouveau. Là elle posa ses couverts sur la table et s’approcha de Monsieur Livingston. « Country Home, take me home, to the place I belong… ♪ » Chantonna-t-elle sur l’air de la célèbre chanson de ce bon vieux John Denver et tout en chantonnant elle posa ses mains sur le torse musclé de son époux et l’embrassa tendrement sur la bouche avant de faire quelques pas en arrière et de plonger ses grands yeux clairs dans les siens. « Bienvenue chez toi. » Dit la belle plante avant de décocher une belle gifle au vagabond qui se tenait toujours dans l’encadrement de la porte de la cuisine, la rousse fronça ensuite les sourcils et pointa du doigt le vase remplit de fleurs colorées qui trônait magistralement au milieu de la table du salon.
« Ça c’est pour les fleurs qui tu as fait livrer à mon bureau ! De quoi est-ce que j’ai l’air après ça moi ? Tu ne peux pas les faires envoyer ici ? Ce serait plus simple non !? »
Dit-elle un peu agacée et ce même si elle était toujours extrêmement touchée par toutes les petites attentions de son mari. Cependant elle était pudique et n’aimait pas beaucoup partager son bonheur avec ses collègues de travail. Mais peu de temps après avoir décoché sa claque, l’ancienne professeure prit le gaillard dans ses bras et l’embrassa sur la joue qu’elle venait de gifler.
Sujet: Re: Petites histoires de la fin du jour (ft Victoire) Lun 16 Oct - 8:45
I’ll be coming home just to be aloneVictoire & Rafael J'ai rêvé de toi. J'ai rêvé que tu errais comme moi dans l'obscurité. Et puis nous nous sommes rencontrés.•••
L'instant fut trop bref, la sensation sur ses lèvres déjà envolée avant qu'il l'ait réellement ressentie. Comme un fantôme. Et Rafael qui connaissait trop bien sa femme pour encore se laisser avoir, recula d'un pas vif, évitant de justesse une claque qui n'aurait pas manqué d'avoir des conséquences plus percutantes s'il l'avait laissé faire. C'était probablement de bonne guerre quoiqu'un peu énergique et l'objet du délit trônait fièrement sur la table du salon. Il s'était surpassé ce coup-ci. Et les protéas égayaient majestueusement la pièce de leurs pétales rose et pourpre. Il savait en signant la commande que ça ne manquerait pas de faire réagir son épouse qui était bien trop réservée pour recevoir ce genre de livraison au travail sans broncher. Ses bras se refermèrent autour d'elle et il laissa échapper un petit rire amusé.
« Ce sont pourtant de jolies fleurs, la taquina-t-il, livrées directement du Cap. »
Rosie la fleuriste de Gunnels avait d'ailleurs haussé bien haut les sourcils en apprenant qu'elle allait devoir passer commande en Afrique du sud pour satisfaire la nouvelle lubie de son fantasque client. Mais c'était devenu comme un jeu pour lui et une façon de faire passer la pilule de ses absences bien trop longues à son goût. Le début d'année avait été relativement calme mais le retour de la saison des ouragans dans les Caraïbes avait tout bouleversé et ils avaient eut besoin de tous les renforts possibles, le forçant à enchaîner les missions. Il savait que le temps pouvait paraître long durant ces journées interminables. Et puis imaginer le petit air froissé de Victoire en voyant arriver un énième livreur, ça n'avait tout simplement pas de prix.
« Les faire livrer ici et perdre une occasion d'alimenter les paris de tes collègues ? Ce serait dommage. D'ailleurs je vais te donner un indice, à ta place la prochaine fois je poserais un petit billet sur des camélias. »
Il avait ouïe dire qu'un pari tournait dans l'équipe enseignante concernant la nature des livraisons qui atterrissaient sur le bureau de la principale. Les commérages voyageaient vite dans une petite ville comme Cassas et rien ne l'amusait plus que de les alimenter sans avoir l'air d'y toucher.
Mais déjà l'humour disparaissait de ses traits et il la serra dans ses bras, étrangement silencieux. Il y avait quelque chose de réconfortant dans le fait de rentrer chez soi pour retrouver ce genre de petit moment. Une familiarité dans leur étreinte qui évoquait beaucoup plus un chez-soi que ne le ferait jamais leur propre maison. Sans mot dire, il déposa un baiser léger sur son front.