it's time for another adventure (ft. rhea)

C’est avec la tête pleins de rêves que les fameux buildings de San Francisco s’effacent doucement de mon rétroviseur. Ceux-là même qui ont bercé toute mon enfance, entre les embouteillages et le Golden Gate. C’est avec mes économies que j’ai acheté cette première petite voiture : Sulli. D’un bleu presque écarlate, avec quelques tâches de décoloration dû au soleil. C’était un coup de foudre. Une coccinelle au look vintage qui m’a fait de l’œil dès mon arrivée chez le concessionnaire. Le frein à main est aussi doux qu’un tracteur, mais je l’ai dompté rapidement à force de nettoyage et de mots doux. Personne ne peut insulter Sulli ; c’est un grand-père qui mérite du respect !

Je me doutais bien qu’il allait me falloir plus d’une vingtaine d’heures pour arriver à Cassas mais, il faut avouer que je ne m’attendais pas à passer trois jours sur la route. Sulli n’a pas apprécié le bitume brûlant, la poussière et les klaxons affriolants. Pour cette dernière, c’est plutôt moi qui n’ait pas aimé. C’est finalement sur les petites routes et de nuit que j’ai fait le trajet. Le sommeil était rare mais c’était comme faire un mini road trip, sur les traces de Rhéa.

C’est avec excitation que je reconnus le panneau de Cassas. J’étais enfin arrivée à destination, il ne manquait plus que de trouver l’adresse de Rhéa. J’étais nerveuse, nous nous étions plus vus depuis bien longtemps. Nos chemins s’étaient à peine croiser durant ces dernières années. Mais après tout, nous avions chacune une vie bien différente. C’était sur un coup de tête que j’ai décidé de lui rendre visite. Mes rêves de voyage étaient tombés à l’eau ; mais il fallait que je vois du pays. Prendre des cours à distance était une aubaine. Et puis, l’air de la campagne texane ne devrait pas me faire de mal. Quelques jours, quelques semaines. Je ne sais pas encore combien de temps je vais rester ici. Sûrement au feeling.

Je me gare dans la rue qui me semble la plus proche ; beaucoup de place pour faire un créno, c’est ce que je préfère. Deux valises ne tardent pas à me suivre alors que j’arpente le trottoir à la recherche de ce fameux numéro que je vois sur les rares cartes postales que nous ayons eu de Rhéa. Et puis finalement, le saint Graal. Je replace diligemment une mèche derrière mon oreille et prépare mon plus sourire. C’est avec une certaine angoisse que j’appuie finalement sur la sonnette. Si elle ne répond pas, je ne sais pas ce que je vais bien pouvoir faire. Et puis, la porte s’ouvre lentement. De nombreuses pensées traversent mon esprit, mais je n’arrive à dire qu’une seule chose pour expliquer ma venue « Salut, grande sœur »

Effectivement, je n'avais pas eu beaucoup de nouvelles de ma famille, seule ma soeur biologique, ma petite Maya, je l'avais une fois par semaine par skype, sinon je n'avais plus trop de nouvelles des autres. Je ne leur en voulait pas, chacun faisait sa vie, nous n'avions de toute manière rien à nous devoir, ont étaient une famille recomposée, je n'avais pas vraiment côtoyer les petits derniers donc bon. Je n'avais pas trop de regret car je n'y pensais tout simplement pas. C'est vrai que des fois, alors que je rangeais ma boutique, je songeais à toi, aux autres. Mais voilà, sans plus. Je voulais le meilleur pour vous et j'espérais que vous étiez bien là ou vous étiez. Mais je ne pensais pas vraiment à ce que l'un d'eux, vienne me retrouvez ici.

La journée venait de débuter, il était encore tôt, mon réveil venait tout juste de sonner, qu'il avait déjà fait un vol plané dans le coussin a côté. Je grogne légèrement, ayant plus envie de me mettre encore plus détendus sous ma couette et d'y rester. Mais j'avais pas mal de boulot à la boutique, le succès commençait à prendre petit à petit et je ne devais pas démordre, continuer mes efforts pour que cela soit vendus dans de grand centre commerciaux et d'autres pays. C'était mon objectif, d'avoir une notoriété aussi lointaine mais pour le moment, je devais déjà me bouger.
Je vais donc faire couler mon café, fonçant prendre une bonne douche bien chaude, tout en allumant mon enceinte portable pour écouter un peu de musique, tout en chantonnant sous la douce. Rien de mieux pour mettre de bonne humeur. Alors que je sortais de la douche, enfilant mon peignoir pour donc déjeuner, j'entend la sonnette de ma porte d'entrée. Mon pouls augmente d'un coup, étant pas habitué à recevoir de la visite aussi tôt. On ne se rend pas compte mais, la sonnette faisait toujours un peu flipper. Une bonne nouvelle ? Une mauvaise ? En général, quand c'est pas prévue, c'était pas trop une bonne nouvelle donc j'avais pas hâte d'ouvrir. Toutefois, ce fut pas une mauvaise nouvelle. Mais une sacrée surprise quand je me retrouve face à toi. Je reste bouche-bée, ne reconnaissant presque pas ta petite bouille déjà bien changé, bien affinée. Quatre ans que je t'avais pas vue, hormis par des lettres, que je vous avaient envoyés. Je me secoue la tête,avant de lancer :

"Ginny ? Mais...mais qu'est-ce que tu as grandis bon sang !" Dis-je avant de venir te serrer dans mes bras, avant de te lâcher assez vite, car j'étais un peu encore mouillé, et j'avais genre un tas de questions à te poser :
"Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Comment t'a trouvé ou j'habitais ? Enfin rentre attend ! Vient !" Dis-je en te faisant donc entrer dans mon petit chez moi.

Ma tête était littéralement en ébullition. Alors que mon doigt n’avait pas encore quitté la sonnette, je pensais déjà aux répercussions que cela pouvait avoir. Honnêtement, je ne savais pas comment elle allait réagir. Nous avions vécu séparément depuis si longtemps que j’avais peur de ressembler à une étrangère, ou une cousine lointaine. J’avais toujours voulu en savoir plus sur elle, sur tout le monde dans la famille. Mais j’avais toujours l’impression d’être la petite blonde qui court après tout le monde. Le pot de colle de service. Alors que ça me titiller de l’appeler, prendre des nouvelles, je me ravisais toujours en disant : tu vas la déranger, elle est adulte, elle a mieux à faire pour le moment. Finalement, je sautais sur chacune des cartes postales qu’elle envoyait. Je le sais, elle est présente quand je le demande, quand j’ai besoin d’une oreille attentive. C’est elle qui m’a ramené à la raison lorsque j’ai quitté San Francisco avec mon petit ami de l’époque, ne voulant plus de la pression qu’on me mettait à la maison. Elle avait de l’influence Rhéa, même par téléphone. Peu de temps après, je me suis retrouvée de la porte d’entrée avec ma valise en attendant que maman choisisse une punition adéquate. Je crois qu’elle tente toujours de la trouver, même si me forcer à faire des études étaient pour moi un supplice millimétré à la perfection par l’autorité parentale.

Elle est surprise lorsqu’elle me découvre sur son pallier. Je suis surprise qu’elle soit chez elle. Je m’attendais à faire les cent pas dans la rue, ou à continuer à dormir dans ma voiture jusqu’à ce qu’elle rentre de son travail.  Mais à la place, son étreinte me réconforte. Ces trois derniers jours passés sur la route semblent déjà bien loin. L’humidité ne me gêne pas ; la voir m’apaise immédiatement. Finalement, la famille reste la famille. Elle me pose de nombreuses questions avant de me faire entrer à la va-vite pour en entendre davantage. Je traine mes valises derrière moi et les pose dans un coin pour ne pas déranger. Tout d’un coup, je me sens mal à l’aise. Je ne sais pas où me mettre. J’ai l’impression de déranger tant l’endroit ne m’ait pas familier. Alors, je reste plantée au milieu du couloir, les bras se balançant en avant et en arrière, tout en attendant Rhéa. « J’ai mis un peu de temps pour trouver la rue, ça a beau être une petite ville, je m’y perds plus vite qu’à San Francisco » dis-je en laissant échapper un léger rire « Sur une des cartes postales que t’as envoyé, y avait écrit Cassas dessus. Et pour l’adresse, je t’ai cherché dans l’annuaire. Comme quoi ces trucs servent encore ! » J’aurais pu l’appelé, lui demandais son adresse tout simplement mais voilà. Je ne peux pas faire les choses simplement. J’avais peut-être peur qu’elle me dise qu’elle était trop occupée pour que je puisse venir la voir. Oui, la prendre par surprise c’est ce qui semblait le plus logique à ce moment-là. « Du coup .. » dis-je encore hésitante. « Surprise ! » continuais-je dans un sourire crispée. Le reste me rend nerveuse. « Pour te dire, je voulais savoir si tu pouvais m’héberger quelques jours. Je voulais te voir et puis, ça me permet de connaître cette petite ville dont tu nous parles dans tes lettres »